La tête de l'emploi - David Foenkinos
28 Février 2014 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans
On le sait, tout peut basculer très vite. Les médias rendent compte tous les jours de dégringolades sociales plus spectaculaires les unes que les autres. Il suffit d'un mauvais enchaînement de circonstances, une séparation, un licenciement... Même quand on s'appelle Bernard, qu'on mène une petite vie bien rangée, marié depuis trente ans à une femme qu'on n'a pas cessé d'aimer, échelons gravis pas à pas à la BNP jusqu'à avoir son propre bureau et son nom sur la porte.
C'est toute l'intelligence de David Foenkinos que d'utiliser un personnage des plus banals pour mieux illustrer la violence du monde qui nous entoure et l'incongruité des situations qu'elle provoque. Bernard est sympathique, attachant, pas méchant pour deux sous. A tel point qu'il mettra du temps à comprendre ce qui se trame autour de lui, l'éloignement de sa femme, les manœuvres de son supérieur. Licencié, quitté par sa femme, ignoré par ses amis, Bernard n'a plus qu'une solution, retourner, la mort dans l'âme, habiter chez ses parents et ainsi "parachever le désastre".
"Peut-être n'avais-je pas assez clairement expliqué ma situation ? C'est si difficile. Qui peut réellement pratiquer l'autopsie de son échec ? Je minimisais, je contournais, je laissais des silences ; mais personne ne savait lire mes silences. On voudrait tant être compris sans avoir à utiliser le moindre mot."
David Foenkinos analyse de façon très fine et avec beaucoup d'humour ce retour en arrière insensé. Retour à une situation d'adolescent dans un corps d'homme de cinquante ans, chez des parents dont la tendresse a toujours eu du mal à s'exprimer et que l'on vient déranger dans leurs habitudes d'octogénaires. Au delà de quelques situations franchement comiques, l'auteur offre une vision très juste de notre société, où après 50 ans on est bon à jeter, où les générations se télescopent (Bernard retourne chez ses parents tandis que sa fille adolescente prend son envol et emménage avec son petit ami). Une vision lucide mais néanmoins teintée d'espoir à condition de garder le sens de l'humour et de la dérision. Tout cela donne une jolie petite comédie douce-amère, teintée de mélancolie.
"La tête de l'emploi" - David Foenkinos - J'ai lu - 286 pages
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