Noces de neige - Gaëlle Josse

20 Août 2014 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Une sacrée conteuse, une plume fine et précise, "Noces de neige" confirme tout le bien que je pensais de Gaëlle Josse après la découverte de son premier roman, "Les heures silencieuses". Le format court sied à merveille à l'auteur qui parvient à camper, au delà d'un simple décor, une véritable atmosphère enveloppant des personnages faits de chair, de sang, de sentiments et de passions.

Ici, ce sont deux voyages en train, à un siècle de distance qui vont servir chacun de détonateur dans la vie de deux femmes, si différentes à la base mais tellement identiques dans leur quête désespérée du bonheur. En mars 1881, Anna, jeune aristocrate russe a seize ans ; elle embarque avec toute sa famille pour rentrer à Saint-Pétersbourg après l'hiver passé à Nice, comme chaque année. Consciente de son physique disgracieux, blessée par le peu d'affection qui l'entoure, elle n'en rêve pas moins au beau Dimitri, un ami de son frère et compte les jours (en l'occurrence cinq) qui la séparent encore de leurs retrouvailles. En mars 2012, Irina fait le chemin inverse pour rejoindre l'homme qui, après six mois de correspondance virtuelle, lui permettra peut-être de changer de vie. Le voyage ne dure plus que deux jours mais il aura pour Irina autant d'intensité et d'importance qu'il n'en a eu à l'époque pour Anna dont il a bouleversé la vie autant que celle de son entourage. Pour chacune, il est temps de faire la part du rêve et de la réalité.

Il est donc question de choix, de vies qui basculent, de destins qui se jouent en quelques heures. Du terrible besoin d'être aimé et de ce que qu'un être humain est capable de mettre en œuvre pour se donner ne serait ce que l'illusion d'y arriver. Gaëlle Josse tricote brillamment les histoires parallèles de ces deux femmes meurtries et passionnées dont le lien narratif est dévoilé dans l'ultime chapitre. Avant de s'éclipser sur la pointe des pieds, laissant son lecteur aux prises avec ses interrogations sur ce qui fait finalement une vie : "Il me reste désormais chaque heure de ma vie, dans son couchant, pour me souvenir que nous poursuivons en vain un horizon qui se dérobe, et que nos songes ne sont que châteaux de sable, inlassablement détruits par la mer et par le vent."

"Noces de neige" - Gaëlle Josse - J'ai lu (ou Editions Autrement) - 123 pages

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