Premiers romans : tant d'appelés, si peu d'élus
Sans la précédente édition des "68 premières fois", je serais passée à côté de bien des découvertes. Sur les 68 premiers romans français parus à l'automne dernier, une douzaine au grand maximum a eu l'honneur des grands media et je n'aurais lu ni Nos âmes seules, ni Appartenir, peut-être même pas Les Echoués, faute d'en avoir entendu parler. Le constat est le même à chaque vague de parution, cette impression que les media s'emparent toujours des mêmes romans. Si ceux dont on parle le méritent en général, pourquoi cette concentration que l'on retrouve également dans les sélections pour les prix littéraires ?
Démonstration avec les 4 finalistes pour le Goncourt du Premier roman qui sera annoncé lundi 9 mai. En attendant Bojangles est un enchantement doux amer dont la couverture engrange les bandeaux rouges des prix de lecteurs depuis le début de l'année. Le grand marin est une magnifique aventure et une belle expérience de lecture qui revendique déjà un joli succès public et quelques prix littéraires de qualité. Bianca, récit sincère et touchant bénéficie néanmoins d'un écho médiatique plus lié au nom de son auteur (Loulou Robert est la fille de Denis Robert) qu'à sa performance littéraire (qui, je le redis ici est très honorable, voir ma chronique récente). Enfin, Wanderer bénéficie d'une écriture brillamment classique mais m'a personnellement laissée de marbre (le romantisme allemand, sûrement). Si j'étais jurée, je voterais pour Le grand marin qui à mon avis est le plus surprenant, le plus captivant tant au niveau du récit que de l'écriture.
Mais le sujet n'est pas là. Ces mêmes premiers romans figurent dans les sélections finales de plusieurs prix littéraires dont celui de L'Express (Bojangles, Wanderer et Le grand marin) et celui de Orange (Le grand marin). Où sont les autres ?
La bonne nouvelle est à puiser du côté du prix roman Marie-Claire où Brillante figure parmi les 5 finalistes. Un gros coup de cœur pour moi auquel je souhaite un destin aussi brillant que son titre.
Alors encore une fois, les 68 premières fois vont tenter d'apporter leur maigre caillou à l'édifice. Déjà, les échanges sont passionnés. Déjà les découvertes séduisent, captivent, déconcertent, interpellent. Les vedettes des discussions s'appellent Notre Château, Ce qui nous sépare, Jupe et pantalon, Comme neige, De ce pas ou Rien que des mots. On s'enflamme soudain pour Les bonne mœurs, Le Carré des Allemands ou Giboulées de soleil. Et ce n'est que le début. En faisant toutes ces découvertes, on est encore plus désarçonné par les sélections des prix littéraires...
Les 68 premières fois n'ont pas (encore) leur prix mais ils ont leurs chouchous. Et croyez moi, on va faire tout notre possible pour que ça se sache !
NB : les votes sont ouverts au public sur le site lecteurs.com pour choisir le futur lauréat du prix orange 2016 parmi les 5 finalistes :
Lucile Bordes, 86, année blanche, Liana Levi ; Laurence Cossé, La Grande Arche, Gallimard . Vincent Message, Défaite des maîtres et possesseurs, Seuil . Sylvain Pattieu, Et que celui qui a soif, vienne, Rouergue ; Catherine Poulain, Le Grand Marin, L'Olivier.