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Les temps sauvages - Ian Manook

14 Juillet 2016 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Polars

Les temps sauvages - Ian Manook

Dans la série "Mon tour du monde en polars", voici donc un épisode en Mongolie. Dépaysement assuré avec en plus, une cargaison bien remplie en termes d'aventures et de rebondissements, des personnages bien carrossés avec ce qu'il faut de flics fatigués, d'agents secrets à la veste très réversible, de militaires corrompus et autres joyeusetés. Bref, ça déménage (il faut dire qu'avec les températures là-bas, il vaut mieux s'agiter) et on ne s'ennuie pas.

Malgré tout le bien entendu sur le premier épisode, Yeruldelgger, du nom de son héros récurrent, je n'avais malheureusement pas eu le temps de le lire. Pas trop gênant, même s'il semble qu'il ne manquait pas non plus d'action. On comprend au fil des pages que le commissaire Yeruldelgger n'a pas chômé, qu'il a même dû affronter le mal au cœur même de sa famille (un beau-père en figure de proue du crime organisé, ça la fout mal pour un flic) et que son équipe n'a pas été épargnée, notamment l'inspecteur Oyun, jeune femme encore marquée par les séquelles de l'attaque sauvage dont elle a été victime. Malheureusement pour eux, le crime ne prend jamais de vacances, les cadavres se ramassent à la pelle même dans les lieux désertiques les plus improbables. D'Oulan-Bator aux montagnes de l'Otgontenger, des plaines de Sibérie aux ports de Honfleur et du Havre, aucun répit en vue.

Les temps sauvages - Ian Manook

Il y a d'abord la figure de Yeruldelgger, sorte de justicier qui peine à dompter sa sauvagerie naturelle réveillée par l'accumulation des crimes qui jalonnent sa route. Et ce, malgré l'enseignement du Septième Monastère, celui des moines Shaolin. Ce côté border line est parfaitement en phase avec le climat de la Mongolie, tout comme les rapports très virils qui règnent dans son équipe, même du côté de ses éléments féminins. Il y a le pays lui-même, coincé entre Chine et Russie, encore marqué par le joug communiste, un terrain propice à la corruption comme tous ces anciens bastions finalement abandonnés à leur sort et peinant à trouver le chemin qui mène à la démocratie. Un pays qui oscille entre modernité et traditions, entre immeubles hérités de l'architecture collectiviste et yourtes ancrées dans la culture mongole.

Ici, on peut mourir écrasé par un yack tombé du ciel ou être sauvé d'une bande d'assassins par une meute de loups. Ici se côtoient citadins et nomades à l'hospitalité chaleureuse matérialisée par la tête de chèvre rôtie qu'ils servent à leurs visiteurs. Ici, on met du beurre et de la farine dans son thé et l'on sert les gâteaux avec de la crème de yack. Ce contexte, finement inséré dans la trame romanesque constitue une bonne partie du succès de l'histoire.

Pour le reste, on apprécie les mœurs un peu brutales des enquêteurs qui néanmoins ne manquent pas de références littéraires (notamment les philosophes et écrivains français), les ramifications d'un vaste trafic impliquant des jeunes adolescents envoyés aux quatre coins d'Europe pour constituer des escadrons de voleurs, ce qui nous vaut une étape à Honfleur et la connexion savoureuse avec l'équivalent français de Yeruldelgger, qui mériterait à lui tout seul un spin off.

Alors bien sûr, c'est un peu violent, pas toujours très moral mais bon, le voyage vaut le détour, ne serait-ce que pour les coutumes locales, la trame géo-politique complexe, les poursuites en moto-neige et le comparatif entre gastronomies française et mongole.

Du très bon polar !

"Les temps sauvages - Yeruldelgger" - Ian Manook - Le Livre de Poche (Albin Michel) - 574 pages

En sélection pour le Prix des Lecteurs du Livre de Poche - catégorie Polar - juillet 2016

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D
J'ai l'impression que les yacks sont très présents dans ce roman ! Etre tué par l'un d'entre eux tombé du ciel n'est pas banal. Cela mérite assurément la lecture !
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N
Oui, je confirme, le yack est omniprésent, à la fois animal de compagnie et de transport, fournisseur de lait et plein d'autres choses... Une des curiosités de ce roman pas banal !
K
J'ai lu le premier, effectivement un bon polar ! Bien violent mais pas dénué d'humour. Peut-être un jour lirai-je celui-ci.
Répondre
N
Oui, dans le genre, c'est vraiment pas mal. Et puis j'adore voyager au fil des polars, et là j'ai été servie !