Marx et la poupée - Maryam Madjidi
"Je déterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers ?"
Oh le beau coup de coeur ! Ce premier roman m'a enthousiasmée du début à la fin. Je suis passée du sourire aux larmes avec un même bonheur, soufflée par la beauté de ce texte à la fois fort et tendre, poétique et politique. L'auteure aborde le thème de l'exil et de l'identité avec une finesse qui rend son propos terriblement efficace et percutant. Mais c'est l'émotion que l'on retient. Celle qui nous étreint à chaque fois que se dressent les images qui traduisent le vécu et les sentiments de l'auteure.
"Ma mère porte la vie, mais la Mort danse autour d'elle en ricanant, le dos courbé...". Maryam est dans le ventre de sa mère aux premières heures de la révolution iranienne qui marquera son enfance au sein d'une famille d'opposants portés par la doctrine communiste. Position intenable qui aboutira à l'exil, l'installation en France d'abord du père puis de la famille entière, l'apprentissage d'une nouvelle langue, d'une nouvelle culture, d'un nouvel environnement. Une deuxième naissance en quelque sorte. Née deux fois, à deux endroits différents, Maryam porte en elle deux cultures qui s'affrontent et qu'elle utilise selon les moments et les services qu'elles peuvent lui rendre. Il lui faudra bien une troisième naissance pour parvenir à réconcilier les deux, par la grâce de l'écriture.
Il y a des pages magnifiques sur ses parents, la relation avec sa mère. Des mots somptueux pour tenter de décrire ce lien indestructible qui l'attache à ses ancêtres et à sa culture par l'intermédiaire de celle qui lui a donné la vie. Il y a des moments de grâce, une plongée dans la poésie persane qui irrigue la culture iranienne, de l'ironie face aux fantasmes suscités par ses origines. Il y a cette façon d'appréhender le monde propre à ceux qui ne sont plus chez eux nulle part mais trouvent partout de quoi construire et enrichir une vie.
Et puis, il y a ce moment sublime, ce dialogue entre les deux langues, le français et le farsi, l'une oubliée et délaissée l'autre investie par nécessité mais devenue LA langue principale et qui symbolisent si bien l'affrontement permanent, le tiraillement entre les deux cultures.
C'est un livre précieux que nous offre Maryam Madjidi, encore magnifié par le très beau travail d'édition et de direction artistique du Nouvel Attila. Un livre magnifique, touchant, puissant et sensible. A découvrir toutes affaires cessantes.
"Marx et la poupée" - Maryam Madjidi - Le Nouvel Attila - 208 pages
Et ne manquez pas le billet de Sabine, l'une des premières à avoir succombé et décidé de diffuser le virus.
Sélectionné pour l'édition 2017 des 68 premières fois, Marx et la poupée va désormais voyager auprès des 50 lecteurs engagés dans l'aventure tout au long du semestre.
MYMY 10/03/2017 08:36
Nicole Grundlinger 10/03/2017 17:26
Laure 30/01/2017 21:54
Nicole Grundlinger 31/01/2017 15:50
Delphine-Olympe 25/01/2017 21:57
Nicole Grundlinger 26/01/2017 17:21
Noukette 20/01/2017 18:34
Nicole Grundlinger 21/01/2017 13:42
keisha 18/01/2017 09:11
Nicole Grundlinger 18/01/2017 09:45
zazy 17/01/2017 21:57
Nicole Grundlinger 18/01/2017 09:43
Delphine-Olympe 17/01/2017 20:43
Delphine-Olympe 18/01/2017 14:37
Nicole Grundlinger 18/01/2017 12:24
Delphine-Olympe 18/01/2017 11:25
Nicole Grundlinger 18/01/2017 09:42
Eva 17/01/2017 16:34
Nicole Grundlinger 18/01/2017 09:40