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Café Krilo - Baptiste Boryczka

15 Février 2017 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

C'est vraiment sympa de voir la confirmation d'une plume que l'on avait jugée prometteuse à la lecture d'un premier roman. Lors de la première édition des 68 premières fois, pour la rentrée littéraire de septembre 2015, Korzen avait suscité beaucoup d'intérêt auprès des lecteurs. J'avais pour ma part apprécié la capacité de l'auteur à créer un univers singulier et à déployer une intrigue prenante dans un style très agréable, tout en déplorant une fin trop abrupte. Je me suis donc plongée avec envie et curiosité dans son second roman qui a aussitôt capté mon attention pour ne plus la lâcher et ceci, jusqu'à la fin.

Dans ce Café Krilo, Baptiste Boryczka nous projette dans un futur assez proche, à la fin du 21ème siècle à Copenhague (où il est d'ailleurs installé depuis quelques années). Trois amis, John, Mark et Lotte vivent dans un vieil immeuble du quartier de Vesterbro, au-dessus d'un café délabré, le café Krilo qui fut autrefois un haut lieu de la contestation sociale. Au fur et à mesure que se dessinent l'environnement et l'existence de ces trois personnages apparaît un contexte assez glaçant sur fond de dictature, de milices et d'affrontements entre pro et anti gouvernementaux. Une société sous le joug d'extrémistes religieux luthériens, où règnent la peur et le renoncement.

Je vous rassure, la plume de l'auteur est trempée dans la légèreté et l'humour pour nous conter cette fable à la fois glaçante et pleine d'espoir. Certainement le meilleur moyen pour donner à réfléchir et on trouve ici beaucoup de matière. Les dilemmes de nos trois héros sont les nôtres et ceux de tous les êtres qui ont eu un jour à choisir entre faire profil bas, fuir ou résister au péril de leur vie. Sans juger, sans jamais condamner, l'auteur pointe de la plume les travers qui ont pu mener l'Europe à une telle situation au cours du siècle, transformant les pays attractifs qui refoulaient les réfugiés d'autres contrées rongées par la misère ou les guerres en pays à leur tour producteurs d'émigrants et de fuyards. Oui, la roue peut tourner plus vite qu'on ne le pense.

Heureusement, l'espoir domine. Peut-être parce que l'auteur tout en portant un regard très lucide sur ses travers et sa capacité à se faire du mal a malgré tout confiance en l'humanité. Peut-être parce que l'histoire a déjà montré par le passé qu'une poignée de rebelles peut devenir le grain de sable qui enraye les machines les plus maléfiques. Quoi qu'il en soit, Baptiste Boryczka nous livre ici un roman aussi agréable qu'utile pour nous aider à réfléchir sur le type de société que nous aimerions léguer aux générations futures. Et cette fois, j'aime beaucoup la fin.

"Café Krilo" - Baptiste Boryczka - lemieux éditeur - 168 pages

Merci beaucoup aux Editions lemieux de m'avoir permis de découvrir ce livre en avant-première.

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M
Peut-être une page de vérité qui s'annonce... J'ai froid dans le dos d'un seul coup ! Un vrai thème d'actualité.
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N
Parfaitement crédible et possible, oui. Et l'auteur parvient à installer son atmosphère par petites touches, sans en faire trop ce qui contribue à cet effet frisson... A la fin, on se rappelle qu'on est encore 100 ans en avant et qu'on a encore le pouvoir de changer les choses...
P
Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur, voilà de plus un thème très intéressant où encore une fois la littérature peut amener à faire réfléchir !
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N
Sans les 68 premières fois je n'en aurais certainement pas entendu parler non plus et cela aurait été bien dommage :-)
Z
Sympa de voir un premier livre confirmé par le second
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N
Oui, c'est sympa quand on repère une plume de la voir tenir toutes ses promesses. J'espère donner envie à d'autres de le découvrir.
N
Je n'ai pas lu le précédent mais tu attises ma curiosité je dois dire !
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N
Il faisait partie de ces livres que je n'aurais certainement pas lus sans les "68" et je suis ravie de voir que les promesses notées à la lecture de Korzen se concrétisent.