La mort à Messine - Luigi Natoli
Après Le bâtard de Palerme, voici le tome 2 de la fantastique Histoire des Beati Paoli, une épopée sicilienne devenue culte grâce à la plume de Luigi Natoli qui n'a rien à envier à Alexandre Dumas ou Eugène Sue. C'est d'ailleurs à ce dernier que j'ai beaucoup plus pensé avec ce deuxième volet tandis que le premier m'avait évoqué l'univers des Trois Mousquetaires. Il y a dans La mort à Messine le savoir-faire addictif des grands feuilletonistes du XIX ème siècle, une force romanesque qui aurait pu tenir le peuple en haleine si l'histoire avait été distillée par épisode dans les journaux de l'époque.
Moins de capes et d'épées, beaucoup plus de sentiments mais toujours autant d'aventures. Voici les ingrédients qui offrent au lecteur un plaisir d'autant plus fort qu'il fait vibrer la fibre des souvenirs d'adolescence... Nous sommes en 1762. Quarante ans ont passé depuis que nous avons quitté Blasco de Castiglione et son ami Coriolano de la Floresta. La Sicile a changé plusieurs fois de mains au gré des guerres et des conquêtes des grands royaumes sans que la société n'évolue réellement. Le joug des puissants opère toujours, la noblesse produisant des rejetons pleins de morgue et d'orgueil. Alors quand le jeune et valeureux Cesare de Brancaleone ose poser les yeux sur la belle Giovanna, le père de la belle, marquis d'Oxorio met toute son ingéniosité à écarter celui qu'il considère comme un aventurier du chemin de sa fille. Comme si on se débarrassait ainsi d'un chevalier amoureux et bien décidé à braver les pires obstacles pour les beaux yeux de sa belle. On devine que le parcours sera long. Cesare pourra compter sur le soutien de frère Benedetto, un moine ermite qui lui sauve la mise alors qu'il tente d'échapper à ses poursuivants... Si le lecteur est tenu peu à peu au courant des secrets qui entourent Cesare et des révélations qui font rebondir l'intrigue, le jeune homme, lui avance sans savoir.
Vous savez quoi ? C'est jouissif ce truc. Luigi Natoli tricote une intrigue qui rendrait jaloux les scénaristes de Homeland et autres séries contemporaines. Il joue parfaitement des conflits de génération, parvient à mettre en valeur de beaux personnages féminins qui luttent pour grignoter un peu d'autonomie et de liberté. Secrets, trahisons, complots, mensonges, exils, réapparitions miraculeuses... il se passe quelque chose à chaque coin de page. Si la secte des Beati Paoli semble un peu en sommeil, son influence est bien palpable et l'on sent qu'il suffirait d'une étincelle pour que son activité reprenne comme au bon vieux temps. Je n'en dis pas plus parce que certains d'entre vous qui me lisez n'avez peut-être même pas encore lu le tome 1. Sachez simplement que ce Natoli est très fort, jusqu'à glisser deux petites phrases en fin de tome qui vous font directement courir jusqu'au troisième (bon je vais attendre un peu quand même... il fait près de 1000 pages).
Petite anecdote, lue dans un numéro de ELLE du mois d'août : notre Premier Ministre actuel avait justement mis à son programme de lecture estival le tome 3 de la saga, Coriolano. Il avoue, avec un peu d'avance sur nous avoir dévoré les deux premiers. Il a le goût du romanesque donc.
J'ai été ravie de partager cette lecture avec Martine et Marianne dans le cadre du challenge Il Viaggio. Rendez-vous bientôt pour la suite !
"La mort à Messine" Histoire des Beati Paoli 2 - Luigi Natoli - Métailié - 642 pages (traduit de l'italien par Serge Quadruppani)