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La symphonie du hasard - Livre 3 - Douglas Kennedy

17 Juillet 2018 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Suite et fin (en principe) de la saga bâtie autour de la famille Burns, dans l'Amérique des années 70-80 avec en toile de fond l'évolution de la société américaine au gré des choix politiques... Nixon, Carter puis les années Reagan et le règne de la finance. Des aventures que l'on suit toujours avec autant de plaisir...

A la fin du Livre 2, nous avions laissé Alice en plein drame dans le chaos de Dublin. La voici de retour à New York où elle ne tarde pas à fuir une nouvelle fois le carcan familial... question de survie. Elle termine son cursus universitaire et parvient à trouver un poste d'enseignante dans une petite université du Vermont, loin de New York et d'une effervescence qu'elle ne se sent toujours pas de taille à affronter. Les relations familiales sont distendues au maximum et Alice, au milieu de tout ça tente de se reconstruire en évitant de donner prise à la folie qui semble gouverner les comportements des membres de sa famille. Peter (le frère aîné), publie un livre sur son expérience au Chili et connait un relatif succès tandis que Adam (le benjamin), se transforme en star des marchés financiers et accumule les millions de dollars. Leurs parents divorcent ce qui donne des ailes à Brenda Burns qui devient la reine de l'immobilier tandis que la carrière de son désormais ex-mari décline. De son côté, Alice accepte enfin un poste dans l'édition, s'installe à Manhattan et découvre qu'elle est plutôt douée pour ce métier... S'il n'y avait pas cette famille et son paquet de névroses, la vie pourrait presque prendre un tour agréable.

Dans ce troisième volet, on assiste à l'avènement de l'argent roi dans une Amérique qui valorise plus que jamais les "money makers" ; on croise Donald Trump alors roi du business immobilier et l'on sent à chaque page le poids des billets verts, y compris dans son influence sur les métiers de l'édition à quoi s'ajoutent l'importance de l'image et l'impact de la célébrité. On suit avec intérêt le parcours d'Alice et notamment son apprentissage dans ce métier passionnant dans lequel sa famille va néanmoins trouver le moyen d'interférer, Peter en tant qu'auteur n'ayant pas de meilleure source d'inspiration que ceux qui l'entourent (et qui, il faut le reconnaitre représentent de sérieux sujets d'étude). Bref, ça craque de partout et on ne peut être qu'admiratif envers cette jeune femme qui parvient à garder la tête froide et à se construire une vie malgré les lourds cailloux dans ses chaussures. Oui, on l'aime bien Alice, et on espère que ce qui l'attend désormais lui offrira des perspectives plus douces, armée comme elle l'est à présent même si la question de savoir si l'on peut maitriser son destin n'est toujours pas réglée (et ne le sera certainement jamais).

A la fin, il est écrit "à suivre"... Bizarre puisque ce tome est censé être le dernier. Et que, si tout ceci se lit avec un plaisir indéniable, il n'est pas certain que cette Symphonie n'aurait pas été tout aussi efficace en un seul morceau de 500 ou 600 pages. Comme l'auteur avait su le faire avec sa saga palpitante, La poursuite du bonheur qui couvrait pourtant une période bien plus étendue. On a quand même une impression de dilatation volontaire, comme une illustration des débordements des enjeux économiques sur les purs enjeux littéraires. Et ça, c'est très dommage.

Ceci dit, je ne peux résister à livrer cet extrait dans lequel le mentor d'Alice lui explique la relation entre un écrivain et son éditeur, que l'on imagine tiré de la propre expérience de l'auteur : "Ne te figure jamais que tu peux écrire à la place d'un auteur. Garde toujours à l'esprit qu'un écrivain, quels que soient sa réussite et/ou son talent, est un amas ambulant d'insécurités et de névroses. Ton travail, c'est de gérer tout leur passif, y compris leurs doutes par rapport à eux-mêmes, leur crainte de l'échec, et l'inquiétude de ne jamais parvenir à reproduire leurs succès passés, s'extraire de la masse ou boucler le prochain chapitre. Il faut aussi que tu comprennes que l'écriture c'est du bluff, un abus de confiance qu'on s'accorde à soi-même, et que les auteurs sont obligés de réitérer chaque jour. Ce qui fait que la majorité d'entre eux sont en même temps dénués d'assurance et terriblement narcissiques."

"La symphonie du hasard - Livre 3" - Douglas Kennedy - Belfond - 392 pages (traduit de l'américain par Chloé Royer)

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H
Douglas a toujours une aussi jolie plume et sait raconter les histoires.<br /> J'ai toute fois pensé que le 3e volet était le volet de trop. Trop de péripéties, surtout à la fin du livre. Ca finit un peu "eau de rose".
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N
Oui, tout ceci est trop relayé, un tome de 450 pages aurait suffi...
C
Dernière citation: Si Douglas Kennedey, un écrivain moultes fois publié pense ainsi, imaginez comment se sentent ceux qui en arrachent pour faire publier leur 3e ou 6e roman!
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N
Il semble que même le succès n'efface pas les névroses... :-)
C
oups, pas mis les deux-points au bon endroit, mais pas grave, le commentaire est le même :-)
B
J'ai lu aussi avec plaisir les trois tomes, avec le même ressenti de dilution (délayage serait trop fort), la restitution des années CIA en Amérique du Sud, des années Reagan , avec à coup sûr un clin d'œil à la présidence Trump, m'a intéressée, l'évocation du rapport à l'écriture, à l'édition aussi. Avec l'apparition du SIDA , on fait le tour des problèmes de notre époque. L'intrigue autour de cette famille dysfonctionnelle relie bien nos personnages, en somme beaucoup de plaisir de lecture. Brigitte, lectrice poitevine
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N
Absolument. C'est très agréable à lire et cela offre un tour d'horizon géopolitique et sociétal intéressant, très inspiré de la propre expérience de l'auteur. Mon regret porte sur le format : un volume de 600 pages aurait été tout aussi voire plus efficace et plus économique pour les portefeuilles (mais moins rémunérateur pour l'auteur).