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Un café avec... Vanessa Bamberger

10 Janvier 2019 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Rencontres-Salons, #Un moment avec...

C'est un après-midi de décembre, à quelques jours de Noël, dans un célèbre café du quartier de l'Odéon. Elle arrive en courant, repartira de même. Des cadeaux à trouver en quelques heures, un prochain départ en vacances. Mais tout va bien. Vanessa n'a pas besoin de se forcer à sourire. Alto Braco, son deuxième roman vient juste d'être intégré par la Fnac dans la liste des 20 titres de la rentrée d'hiver que l'enseigne va mettre en avant. Les journalistes sont à l'écoute, des interviews sont programmées. Quelques jours après cet entretien, nous apprendrons qu'il est dans la sélection du Grand Prix RTL-Lire...

Vanessa Bamberger au Mans en octobre 2017 pour la remise du Prix des Bibliothèques de la Sarthe pour son premier roman, Principe de suspension. En grande discussion avec une lectrice des 68 premières fois

Vanessa Bamberger au Mans en octobre 2017 pour la remise du Prix des Bibliothèques de la Sarthe pour son premier roman, Principe de suspension. En grande discussion avec une lectrice des 68 premières fois

La première fois que Vanessa m'a parlé de son projet, nous étions au Mans où elle venait de recevoir le Prix des Bibliothèques de la Sarthe pour Principe de suspension, premier roman sélectionné par les 68 premières fois. J'ai une passion pour l'Aubrac, j'avais adoré son premier roman alors forcément, j'étais tout ouïe. Un an plus tard, à quelques semaines de la publication, elle a gentiment accepté de m'en dire un peu plus sur ses motivations, son travail, son état d'esprit.

Et là, tout de suite, c'est le soulagement qui domine. C'est toute la différence entre le deuxième et le premier roman. Pour Principe de suspension, après quatorze ans d'attente et trois manuscrits refusés, Vanessa explique avoir vécu tout ça comme dans un rêve, de façon presque extérieure. L'impression d'une victoire, d'une récompense pour sa ténacité mise à rude épreuve pendant toutes ces années, la validation du travail accompli. Un rêve éveillé dont elle retient les premiers retours, les rencontres, les échanges avec les lecteurs (surtout des lectrices) sur les salons. Pour le deuxième roman, c'est autre chose m'explique-t-elle. D'abord, on est attendu, on a des délais à respecter. Pour le premier, on peut toujours se trouver plein d'excuses lors des refus - pas de chance, pas le bon moment, pas la bonne personne - c'est d'ailleurs nécessaire pour garder le moral. Mais pour le deuxième, on a un éditeur qui attend de nous lire, des lecteurs qui nous demandent à quand le prochain... La pression s'installe avec le doute : vais-je être capable de le refaire ?

Bon. Mais ce deuxième roman, il est né comment en fait ? Parce qu'il a un petit côté très personnel, non ? Oui et non. Les personnages principaux sont bien inspirés de ses deux grands-mères et le médaillon de la couverture est de famille, le nom aussi. Pour le reste, tout est fiction mais s'appuie sur un énorme travail de recherche, en Aubrac, qui lui a permis d'élaborer ses personnages à partir de points de vue croisés. Heureusement, le nom Rigal lui a ouvert des portes alors qu'elle ne connaissait personne. Autant pour son premier roman, elle a pu interroger nombre de petits patrons dans son cercle de relations autant ici, malgré ses origines, elle partait quasiment de zéro. Mais Vanessa aime travailler sur le contexte, creuser ses sujets et les étayer. Apprendre sur un thème également. La voici incollable sur l'élevage, la race Aubrac, les croisements et les labels de qualité. Ce qui ne l'empêche pas de s'attacher à retranscrire l'émotion ressentie avec ces deux femmes, tout en expliquant qu'en écrivant, ce sont bien des personnages fictifs qu'elle visualise. Son moteur : le travail sur la fragilité humaine. Pour Vanessa, on peut toujours tout expliquer, les actes et les comportements. En effet, si l'on cherche un fil rouge entre ses deux romans, c'est bien celui-ci.

Vanessa m'avoue dans un sourire qu'elle n'est pas mécontente de montrer avec ses livres un côté plus sérieux, plus sombre peut-être de sa personnalité, elle qui écrivait dans l'univers de la presse féminine, perçu comme plus léger. Mais pour ce deuxième livre, elle n'a jamais perdu de vue son objectif : divertir le lecteur, lui faire passer un joli moment. Pour cela, elle s'est attachée - plus que pour le premier - à convoquer les différents sens. En effet, la nourriture tient un rôle central, on hume, on goûte, les papilles sont en ébullition et on en prend plein les yeux également avec les descriptions des paysages d'Aubrac.

Dans le processus, Vanessa a pu apprécier toute la richesse du travail avec ses éditrices, si important pour lui permettre de garder le cap, ne pas se noyer dans les détails, la tirer vers le haut. Un travail intellectuel précieux, très vertueux, un collectif essentiel après des heures de solitude intense, même si elle me précise écrire dans les cafés, une playlist dans les oreilles, créée spécialement pour chaque livre.

L'heure tourne, il faut conclure notre entretien et Vanessa me glisse qu'elle ne cessait de se dire que si elle y arrivait une deuxième fois, ce serait la preuve que ce n'était ni le hasard ni la chance et que peut-être, elle pourrait envisager de se qualifier d'auteur.

A mon humble avis, aucun doute là-dessus.

A lire également mes billets sur : Principe de suspension et Alto Braco

 

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D
Comme tu t'en souviens peut-être (ou peut-être pas), je n'avais pas été pleinement convaincue par son premier roman. Du coup, je ne suis pas sûre de tenter le second, mais j'imagine que, puisqu'au contraire tu as aimé les deux, tu as dû passer un très beau moment avec elle. Et puis, c'est émouvant de voir une identité d'auteur éclore.
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N
Je crois qu'on a tous des écrivains avec lesquels on se sent en phase. J'aime la façon don Vanessa parle à mon cerveau rationnel et préserve l'équilibre entre mes 2 cerveaux. Je comprends tout à fait que ce ne soit pas le cas pour tous les lecteurs. Mais oui, c'est spécial ce lien qui s'installe peu à peu, d'assister à cette éclosion.