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Un tennis avec... Sébastien Spitzer

1 Septembre 2019 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Un moment avec..., #Rencontres-Salons

"N'oublie pas Max, le tennis est une conversation" ; ceux qui ont lu le roman graphique de Jérémie Moreau reconnaitront ce moment qui peut s'apparenter à une leçon de philosophie. Le tennis, comme beaucoup de disciplines sportives en offre bien d'autres. Comme celle de savoir saisir les moments importants par exemple. Si le tennis est une conversation, si Sébastien Spitzer pratique le tennis alors... il était inévitable d'utiliser un court pour se renvoyer la balle, au sens propre comme au figuré. Cela s'est déroulé au cœur de l'été, sous un soleil de plomb. La rentrée littéraire était encore loin. J'ai gagné le tirage au sort et j'ai choisi de recevoir.

Un tennis avec... Sébastien Spitzer

Impossible de débuter le match sans évoquer la fabuleuse année 2017, Ces rêves qu'on piétine et sa cohorte de prix. Pour avoir une idée de ce que Sébastien a pu ressentir, il faut se mettre dans la peau d'un joueur encore inconnu qui sort des Qualifs et rejoint les demi-finales à Roland-Garros. Personne ne l'attend, il grille la politesse à quelques champions bien mieux classés et se retrouve du jour au lendemain dans le viseur de tous les chroniqueurs. On l'encense, on l'invite, on le fête. C'est fantastique. Comme le tennisman qui transpire pour faire vibrer le public, sentir l'adrénaline envahir son corps, l'écrivain écrit pour être lu. Et puis, il faut digérer, repartir, préparer le prochain tournoi. Quand Federer s'aligne au premier tour d'un tournoi, il reprend tout à zéro. Tout champion qu'il est, à chaque match il fait tapis. Avec un petit truc en plus à gérer : dès lors qu'on a gagné, on est attendu au tournant. La première fois peut être un accident, un concours de circonstances. Repartir à zéro. C'est l'expression qu'utilise Sébastien sans même chercher à filer la métaphore. Surtout ne pas se faire de nœuds au cerveau, essayer d'analyser... Relancer, ne pas faire de faute, attendre la balle courte, attaquer. 15 - 0

Le moteur, c'est l'envie. Pour Sébastien, ça consiste à triturer un sujet, à le regarder sous tous les angles, à en examiner les facettes jusqu'à sentir que oui... là... il y a un filon à exploiter. A partir de ce moment, on peut avancer dans le terrain, prendre le filet et couper les trajectoires. Oublier la technique, lâcher ses coups. Parce qu'on maitrise la tactique et que l'envie est là. Les points s'enchaînent. Pourtant, il faut garder le cap. Le match peut basculer sur un rien, une mauvaise décision, un coup droit dans le couloir, une mauvaise évaluation des réactions de l'adversaire. Sébastien explique ainsi l'ambivalence de son état pendant la rédaction de son deuxième roman : à la fois la découverte d'un véritable plaisir d'écrire et de raconter des histoires et puis la douleur, l'intensité de l'effort qui exige qu'on s'y consacre entièrement. Avoir un schéma, préparer la rencontre, mais garder intacte sa capacité instinctive à saisir l'instant. Ace. 40 - 15

Et ce changement de sponsor, enfin... d'éditeur ? Oui, dans le milieu littéraire les transferts existent aussi même si la comparaison s'arrête au vocabulaire. C'est important de se sentir soutenu, accompagné, encouragé dans tous ses projets. Comme ce récit fou du sauvetage de Notre-Dame, imaginé alors que les flammes n'étaient pas encore éteintes, et réalisé dans la foulée grâce au banco immédiat de l'éditeur et à un enchaînement de circonstances miraculeusement favorables. Un match mené tambour battant, sans aucun temps mort. Il y a des moments comme ça sur le terrain où l'on atteint une sorte d'état de grâce : les balles vont exactement où on leur dit d'aller. Même après le match, l'euphorie ne retombe pas, on parle d'achat des droits cinématographiques... Et pendant ce temps, ça évite de penser au reste, au petit deuxième qui va être lancé dans le grand bain de la rentrée littéraire au milieu de 500 autres. Jeu et première manche, Spitzer.

Cette fois, pas besoin de passer par les Qualifs, c'est directement le grand tableau. Les lecteurs du premier attendent la suite, la confirmation. Les spectateurs sont en place, ils veulent du spectacle, de l'émotion, ils veulent de l'inédit, se fabriquer des souvenirs. Sébastien a déjà l'esprit tourné vers la suite. Numéro 3. Cette partie ne lui appartient plus, il va signer quelques autographes, donner des interviews et retourner à l'entrainement. Faire ses gammes. Continuer à travailler son style. Dénicher le nouveau filon pour lequel il repartira sur le terrain avec cette envie qui autorise à prendre tous les risques. Jeu, set et match, Spitzer.

(Je précise que dans tout ça, je n'ai pas marqué beaucoup de points, sur un terrain, Sébastien est sans pitié, il saisit la moindre occasion d'attaquer et n'hésite pas à abuser du contre-pied. A bon entendeur...)

 

Dans les flammes de Notre-Dame est paru au mois de juillet, récit haletant du sauvetage de Notre-Dame aux côtés des acteurs de cette folle soirée, à commencer par les sapeurs pompiers de Paris, héroïques. Ca se lit en apnée, d'une traite. On imagine déjà le film si jamais les projets se concrétisent...

 

Avec Le cœur battant du monde, l'écriture de Sébastien Spitzer, très remarquée déjà pour Ces rêves qu'on piétine, prend une nouvelle ampleur. Il nous transporte dans l'Angleterre victorienne aux côtés du fils caché de Marx alors exilé à Londres. Un vrai souffle romanesque transcende la trame historique pour en faire un récit addictif qui attache le lecteur aux pas de Freddy et de Charlotte, sa mère adoptive, dans une Angleterre touchée par une grave crise économique en son cœur, l'industrie.

Lire ma chronique complète

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M
Je viendrai lire ces chroniques avec grand plaisir. J'ai beaucoup aimé lire "ces rêves qu'on piétine" . Amusant cet interview de l'auteur dont je ne peux tout comprendre avec mes sens car...je n'ai jamais joué au tennis, hélas ce n'était pas un sport très populaire durant ma jeunesse :)
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N
Ah effectivement, il vaut mieux connaitre un peu le tennis :-) / Ceci dit, côté littérature, c'est sans risque !
D
Génial cet article ! J'adore la manière, fort à propos et convaincante, de conjuguer tes deux passions ! Fière de ma copine !!!
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N
Oh ben c'est gentil ça ! Suis toute rouge...