2019 : Les tops et les flops
Je viens de compter, j'ai publié 112 billets en 2019 un peu moins que d'habitude. La majorité concerne des lectures mais il y a eu également des portraits, des rencontres et quelques nouvelles. Des engouements, des révélations, des chocs, des émerveillements et aussi des déceptions. Alors avant de tourner la page de cette décennie, j'ai eu envie de me replonger dans les images de ces douze derniers mois, histoire de combattre l'oubli et la dictature de l'actualité qui enfouit les sensations pourtant pas si anciennes sous des couches de nouvelles qui elles-mêmes...
Bon allez, retour sur une année littéraire.

2019 a commencé par deux belles confirmations avec les deuxièmes romans de Vanessa Bamberger (Alto Braco) et Anaïs Llobet (Des hommes couleur de ciel) ; quand on a adoré les premiers, que l'on a appris à connaître leurs auteures, passé un peu de temps avec elles, la fébrilité est au rendez-vous au moment de découvrir la suite. Épreuve passée avec brio. Chapeau mesdames et rendez-vous est pris pour numéro 3 ! Même verdict en ce qui concerne Sébastien Spitzer et Le cœur battant du monde cet été.
2019 c'est aussi l'année où des copains blogueurs sont passés de l'autre côté du miroir avec succès : Nicolas Houguet a donné voix à L'Albatros avec une force et une colère qui ont su me toucher, Alexandra Koszelyk s'est appuyée sur la force des contes et légendes pour parler d'exil et d'attachement à une terre avec A crier dans les ruines. Bravo !
Une année également riche en découvertes : grâce aux 68 premières fois, difficile de citer toutes les belles surprises ou les auteurs à suivre, mais la plume de Constance Joly (Le matin est un tigre) reste inoubliable, tout comme l'émotion que fait passer Yoan Smadja dans J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi ou celle des Boys de Pierre Théobald. Deux autres auteurs ont particulièrement retenu mon attention et font désormais partie de ceux dont je vais guetter les prochaines parutions : la britannique Aminatta Forna dont j'ai adoré Le paradoxe du bonheur de la trempe d'un William Boyd et Jérôme Lafargue dont Le temps est à l'orage est le premier tome d'une série dont j'ai déjà très envie de lire la suite.
Comment parler de 2019 sans évoquer quelques chocs ? Le Ghetto intérieur de Santiago Amigorena qui a bien failli être ma dernière chronique tant je me demandais quoi lire après ça, Tous, sauf moi de Francesca Melandri, impressionnant travail sur la vérité de l'Histoire italienne ou encore Comme la chienne de Louise Chennevière, pas du tout mon style et pourtant, directement dans les tripes. Et puis Francis Rissin, bien sûr, l'OLNI de la rentrée, le livre le plus incroyable et le plus stimulant de l'année, signé Martin Mongin.
En 2019, nombre de chouchous étaient au top ! A commencer par Jonathan Coe dont Le cœur de l'Angleterre est dans la droite ligne de ses précédentes explorations de l'homo anglicus, mais aussi Vincent Message dont le Cora dans la spirale est un très grand roman ou Erwan Larher qui pose avec talent la seule question qui vaille : Pourquoi les hommes fuient ? Mention particulière à Sylvain Prudhomme qui marque décidément un peu plus de points à chaque nouveau roman. Par les routes fait un bien fou. Mention admirative à Yannick Grannec pour m'avoir captivée avec Les simples et subjuguée par son aptitude à s'immerger dans des univers si différents d'un livre à l'autre. Et mention "coup de soleil" à Sigolène Vinson dont il faut absolument lire Maritima, de la trempe des classiques avec un gros supplément d'âme.
Enfin, que serait la vie sans les rencontres ? Ces moments privilégiés et si précieux que m'ont accordés des auteurs généreux et passionnants et que j'ai tenté d'immortaliser pour me les repasser plus tard... Un café avec Vanessa Bamberger, un thé virtuel avec Aude Le Corff, un petit-déjeuner avec Diane Brasseur, un tennis avec Sébastien Spitzer. Merci à eux !

Et puis, il y a les déceptions... Elles font partie d'une vie de lecteur, rien que de très normal.
Il y a ces auteurs qu'on adore, dont on va acheter le livre dès parution, parfois en obligeant le libraire à aller défaire ses cartons pas encore déballés. Ces livres qu'on entame avec envie, pour lesquels on se prévoit du temps et puis... patatras ! Pour moi ce fut le cas cette année avec Civilizations de Laurent Binet que je n'ai même pas chroniqué. J'avais tant adoré ses deux précédents romans, je suis tellement amatrice d'uchronies que franchement, j'y allais en toute confiance. Je reconnais que l'exercice est bien mené, parfois même assez drôle mais... quelle en est la finalité ? Je suis restée totalement sur ma faim. J'ai en tête Le complot contre l'Amérique de Philip Roth, exercice tout aussi brillant mais qui lui, fait écho et sens par rapport à notre époque. Autre auteure pourtant très aimée et déception à la hauteur : Karine Tuil avec Les choses humaines ; je pense que le succès de ce roman est très lié à son thème car en ce qui concerne l'écriture, on a connu beaucoup mieux de sa part. Certes il y a immersion dans un sujet compliqué mais la trame romanesque est à mon sens trop grossièrement tissée, surtout si on compare avec le boulot de Vincent Message pour Cora dans la spirale. Enfin, encore une déception avec le dernier roman de Cécile Coulon, Une bête au Paradis. Pourtant, ce sera certainement son plus grand succès auprès du public. Mais je n'ai pas retrouvé la force qui m'avait séduite dans ses précédents romans, j'ai eu l'impression que son écriture était à la fois bridée et plus réfléchie ou travaillée, presque plus laborieuse. Tant pis. J'espère bien la retrouver avec son prochain roman.
Il y a aussi tous ces livres encensés par une belle unanimité, voire primés. A force, ça suscite de la curiosité, de l'intérêt... et puis. Rien. Je prends deux exemples : Rien n'est noir de Claire Berest et De pierre et d'os de Bérangère Cournut (Prix du roman Fnac). Tout le monde se pâme devant le récit romancé de la passion entre Frida Kahlo et Diego Rivera, il m'a laissée de marbre. Je n'ai pas d'explication à part le fait que je n'étais intéressée ni par le sujet ni par les personnages et que l'écriture de Claire Berest un peu trop formatée à mon sens n'a pas arrangé les choses. Quant au livre de Bérangère Cournut qui semble avoir enthousiasmé la communauté instagram, si je lui ai trouvé un intérêt documentaire certain, je suis loin d'avoir été emportée par la poésie que nombre mentionnent car je ne l'ai pas ressentie.
Allez, si on fait le compte, les tops l'emportent largement et, quoi qu'il en soit, chaque lecture, même décevante, apporte sa pierre à mon parcours et ça, c'est inestimable. Vive la littérature !