Petit jeu de confinement littéraire : paroles de bibliothèque
C'est encore une fois Delphine qui a initié ce petit jeu. Nous sommes un certain nombre à nous tourner vers nos livres pour y piocher un peu de réconfort, matière à réflexion ou à évasion. Pour ma part, la contemplation de mes bibliothèques a quelque chose d'apaisant. Delphine s'est amusée à écrire un petit texte pour parler de cette période quand même très spéciale à l'aide des titres des livres de sa bibliothèque. Impossible pour moi de ne pas relever le défi et je confirme, c'est très ludique.
Alors ? Vous jouez aussi ?
A force de courir après les ombres c'est la grande panne. Le temps est à l'orage, la mer monte et les impatients que nous sommes se trouvent désormais sous la vague. Fini le temps de l'innocence, à l'arrêt le monde en marche, envolée l'insouciance. Place à la vie en sourdine. A l'ordre du jour : le chaos calme. La physique des catastrophes est bien réelle. Seules les bêtes, dans la forêt continuent à courir. Pour nous, les vacances sont bel et bien terminées. Nous savions les déraisons après trois saisons d'orage. Se persuader que "Ah ça ira" était casse-gueule. A trop chercher l'or, à trop éviter de se demander pourquoi les hommes fuient, à trop souffler sur les braises, l'humanité fait face à la punition qu'elle mérite.
Par les écrans du monde, je contemple d'autres vies que la mienne où la lumière s'effondre. Je mesure la distance entre nous, ce qui nous lie et ce qui nous sépare. Posée sur le tapis du salon, je me sens comme une fille au bois dormant. Durant les heures silencieuses, je pense à la question humaine, à ce qu'il se passera après le monde. Saurons-nous repenser le cercle des hommes ? Accompagner le règne animal ? Pourrons-nous repartir par les routes et relever les échoués ?
Cette nuit, je pense à demain. Je l'espère pacifique. Je veux croire que les heures des jours sans fin nous mèneront vers une immense sensation de calme, vers le paradis des animaux et la vie dans les bois. Certains se tourneront vers la religion, craindront cent ans de solitude, d'autres voudront surtout croire au merveilleux. Bienvenue au club !
Il nous faudra renouer avec le goût du large, le parfum des embruns, la légèreté. Accepter le paradoxe du bonheur. En attendant, j'ouvre les yeux, je contemple depuis ma fenêtre l'arbre-monde, le soleil et ses fleurs et je rêve à la grande escapade.
Un jour je dirai "je m'en vais" et j'irai dévorer le ciel. Parce que c'est simple : le salut viendra de la mer... ou de Francis Rissin.
Avec l'aimable participation, par ordre d'apparition de : Sigolène Vinson, Hadrien Klent, Jérôme Lafargue, Aude Le Corff, Maria Pourchet, Anne Percin, Edith Wharton, Benoît Duteurtre, Karine Tuil, David Lodge, Eric Vuillard, Sandro Veronesi, Marisha Pessl, Guillaume Sire, Colin Niel, Jean Hegland, Jean Echenoz, Julie Wolkenstein, Odile D'Oultremont, Cécile Coulon, Denis Lachaud, Clarisse Gorokhoff, Blaise Cendrars, Erwan Larher, Sandor Maraï, Elizabeth George, Fanny Taillandier, Emmanuel Carrère, Guillaume Sire (encore), Maggie O'Farrell, Gaëlle Pingault, Anne Collongues, Annie Saumont, Anne-Sophie Monglon, Gaëlle Josse, François Emmanuel, Antoinette Rychner, Pascal Manoukian, Jean-Baptiste Del Amo, Sylvain Prudhomme, Pascal Manoukian (encore), Joachim Schnerff, Anne-Marie Garat, Stéphanie Hochet, Michael Cunningham, Sebastian Barry, Laurine Roux, David James Poissant, Jennifer Murzeau, Tim Willocks, Gabriel Garcia Marques, Christophe Ono-dit-Biot, Jonathan Coe, Nicolas Delesalle, Patrick Süskind, Catherine Meurisse, Aminatta Forna, Matteo Righetto, Richard Powers, Rupi Kaur, Jean-Philippe Blondel, Jean Echenoz (encore), Paolo Giordano, Julie Estève, Christos Ekonomou, Martin Mongin.
N'hésitez-pas à découvrir également le fantastique texte de Delphine.