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Grand Prix des Lectrices de ELLE 2020, l'heure du bilan - Episode 3 : côté romans

8 Mai 2020 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Thématiques - Evénements, #Romans, #Listes

Troisième et dernier volet de ce bilan avec la catégorie "reine", celle des romans. Nous avons été plutôt gâtées avec des univers et styles très différents, des auteurs aguerris, des décors dépaysants, des personnages souvent marquants. Ce qui n'a pas empêché quelques déceptions de mon côté, sur lesquelles je vais revenir. C'est aussi la catégorie dans laquelle j'ai un vrai, un énorme coup de cœur, arrivé très tôt dans l'aventure, et qui pour moi est bien au-delà de tout ce que j'ai pu lire ces derniers mois. Cette sélection était d'un très bon niveau, à mon sens bien meilleure que celle qui nous a été proposée lors de ma précédente participation à ce prix en 2015. Voyons ceci en détail...

Les huit romans en lice pour le prix

Les huit romans en lice pour le prix

De bas en haut dans leur ordre d'arrivée. Un mariage américain de Tayari Jones fut mon choix dans le jury de septembre, très nettement face à deux romans pourtant prometteurs : Les Altruistes (grosse déception, n'est pas Woody Allen qui veut) et Mon année de repos et de détente (j'ai détesté, eu l'impression de perdre mon temps). Il s'agit d'un premier roman américain, tout en psychologie, qui interroge le couple sous le prisme d'un drame qui touche deux jeunes mariés, noirs, sur fond de racisme, d'injustice et de lâcheté. Intéressant bien qu'un peu lent.

Ma lecture la plus compliquée fut celle de Rien n'est noir de Claire Berest. J'avais déjà tenté une lecture lors de sa parution et ce nouvel essai ne s'est pas révélé plus fructueux. J'ai trouvé l'ensemble sur-écrit, sur-joué, un peu trop "exercice de style" même si la passion de l'auteure pour son sujet ne fait aucun doute. J'ai du mal à comprendre l'engouement autour de ce roman, surtout en ayant déjà beaucoup lu sur les deux figures de Frida Kahlo et Diego Riveira. Echec total pour moi.

Autre déception : Girl d'Edna O'Brien. Le thème est puissant, dérangeant mais le style m'a beaucoup gênée et empêchée de me mettre complètement dans les pas de cette héroïne, jeune fille enlevée par Boko Haram. L'émotion n'a pas été au rendez-vous, ce qui est dommage et je pense que c'est dû au fait que l'auteure reste trop près de la réalité et ne transforme pas assez la riche matière recueillie.

Je me réjouissais de découvrir enfin la plume d'Elif Shafak grâce à ce titre étrange, 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange, ce fut un rendez-vous à demi réussi. La première partie est sublime et m'a embarquée immédiatement. Elle possède la grâce des contes orientaux et l'idée de départ est ingénieuse. Je suis tombée sous le charme de Téquila Leïla et je pensais me diriger vers un coup de cœur. Las, tout s'est gâté dans la deuxième partie, on retombe sur terre, et j'ai regretté que l'auteure n'ait pas exploité tout ce qu'elle avait mis en place auparavant. Un goût d'inachevé, donc. Mais j'essayerai de lire autre chose de sa part.

Venons-en à présent à celui qui fait lever les foules, est finaliste de pas mal de prix et me semble être le grand favori de cette édition : Et toujours les forêts de Sandrine Collette. Est-ce un bon roman ? Oui, sans aucun doute. Le personnage de Corentin est marquant et original, le décor et l'atmosphère sont prenants, l'ambiance est palpable et ça se lit d'une traite. Est-ce un roman exceptionnel ? Certainement pas. Les références en matière de romans post-apocalyptiques sont nombreuses ; c'est moins glauque que La Route mais bien moins profond que Station Eleven. Pour moi ce fut donc une lecture percutante mais loin du coup de cœur. Lire ma chronique.

On en arrive à mon tiercé de tête...

Sur la troisième marche je dépose La soustraction des possibles de Joseph Incardona. Percutant, trépidant, une sorte de grand roman de la finance ou tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les comptes planqués en Suisse sans jamais oser le demander. De l'amour, de l'aventure, et un poil de cynisme. On ne s'ennuie pas même si le style peut lasser (d'où sa 3ème place). Lire ma chronique.

En deuxième position, le sublime roman de Paolo Giordano : Dévorer le ciel. Un roman sur l'amour, sur l'amitié, sur la fidélité à ses idéaux avec en toile de fond la question de l'engagement politique et écologique. La construction est magistrale et traduit toute l'ambition du romancier qui joue avec les passions, le poids des idéaux et celui des désillusions. Avec un message beau à pleurer. Lire ma chronique.

Et mon grand vainqueur est : Le Ghetto intérieur de Santiago H. Amigorena. Un livre que j'ai pris directement dans le ventre, une histoire de silence qui en dit tellement plus que des flots de paroles. Ce livre m'a bouleversée par l'angle inédit qu'il trouve pour parler d'un sujet pourtant maintes fois décortiqué ; bouleversée au point de m'imposer un moment de sevrage littéraire, le temps de digérer. C'est à mon sens un livre essentiel. Lire ma chronique.

 

Et voilà, c'est fini...

Malgré les circonstances exceptionnelles, le palmarès devrait être annoncé mi-juin mais il n'y aura vraisemblablement pas de grande réception, pas de rencontres avec les lauréats ni avec les jurées de cette édition. C'est un peu triste de terminer comme cela mais c'est le lot de nombreuses manifestations depuis mars et sans doute pendant encore un moment. Reste les livres, les émotions, les coups au cœur et au ventre, le plaisir des paquets arrivant chaque mois. Une chouette aventure.

Lire également les précédents épisodes :  le bilan polars et le bilan documents.

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E
Je te remercie beaucoup de ce partage d'expérience que j'ai suivi avec avidité. Tu m'as tellement donné envie que j'ai postulé et je viens de savoir que j'étais retenue, j'ai l'impression d'avoir décroché la timbale!! Merci car je serai passée à côté des dates d'inscription. <br /> Je me réjouis des échanges à venir et j'espère que la sélection sera aussi belle que celle de cette année.... même si comme toi, je n'aurais pas donné le prix à Rien n'est noir. J'ai beaucoup aimé le Ghetto intérieur, mais cela dépend des critères de choix, c'est une écriture qui n'est pas flamboyante qui ne peut pas l'être, mais pour avoir beaucoup lu comme toi sur la Shoah, j'ai apprécié cet état de sidération à distance du personnage qui souligne les répercussions pour les descendants, y compris pendant l'événement.
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N
Oh je suis ravie pour toi, c'est une aventure vraiment intéressante et enrichissante. Tellement déçue qu'il n'y ait pas eu de soirée de clôture cette année... j'espère que tout sera revenu dans l'ordre l'an prochain.<br /> Le Ghetto intérieur n'est pas un livre particulièrement facile, mais tellement impactant... Je crois que malgré tout il vit bien et rencontre ses lecteurs, tant pis pour les prix.<br /> Profite bien ce cette année livresque !
B
Je te rejoins dans beaucoup de tes mots. Même si j'ai aimé Rien n'est noir. Ma préférence va à Elif Shafak, puis à celui de Claire Berest et enfin à Paolo Giordano.
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N
Je suis vraiment déçue pour Le Ghetto interieur qui à mon avis est largement au-dessus de tous mais qui, comme souvent à chaque fois qu'il a été nommé n'a pas gagné et ne gagnera encore pas.
S
Je note le Paolo Giordano alors ;)
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N
Ma foi, excellent choix ! ;-)
A
Je n'en ai lu qu'un ! J'attends de lire Le ghetto intérieur depuis sa sortie mais ce n'est qu'une succession de complications (commandé tardivement par la médiathèque, réservé par d'autres lecteurs, perdu par l'un d'entre eux, racheté par la bibliothèque, réemprunté par d'autres lecteurs, puis confinement...!). Mais je vais y arriver ! <br /> Sinon j'ai aussi prévu de lire le Giordarno et le Collette, je note en plus La soustraction des possibles. <br /> <br /> Je me suis finalement décidée à envoyer ma candidature pour la prochaine édition, on verra bien ! Je ne sais pas si tu avais eu mon message, j'étais curieuse de savoir comment ça se passe concrètement en tant que jurée.
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N
Mais oui, j'ai eu ton message et je t'ai répondu (mail du 29 avril...) ; regarde dans tes spams peut-être... Je te renvoie le mail dans le doute.
S
Je partage votre avis sur le « ghetto intérieur » lu après avoir pris connaissance de votre billet sur ce dernier. Sur cette période tragique de l’Histoire, une libraire passionnée et persuasive m’a conseillé au débuté de cette année le dernier roman d’Hubert Haddad « un monstre et le chaos ». Ce récit m’a sincèrement bouleversé. <br /> Je n’ai pas encore lu le dernier roman de Paolo Giordano, mais il est sur ma liste.<br /> Quant à S. Collette, je n’ai encore rien lu de cette auteure, mais j’en prends note. <br /> Merci.
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N
J'ai le livre de Hubert Haddad dans ma pile et je compte bien le lire dès que possible, on m'en parle souvent d'ailleurs quand j'évoque Le Ghetto intérieur. J'espère que Dévorer le ciel vous plaira.
K
Finalement ce prix Elle est de moins en moins pour moi...
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N
D'où l'intérêt de ces synthèses et bilans qui permettent de se rendre compte de ce qui attend les jurées, même si on ne peut pas connaitre à l'avance le contenu des sélections qui dépendent de la production et du choix de la rédaction de ELLE.
F
Qu'est-ce qu'il y a eu comme bruit autour de Rien n'est noir.. je voulais le lire (petit mouton que je suis..) mais plus je le vois... moins j'en ai envie :-D<br /> Je retiens depuis longtemps La Soustraction des possibles!
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N
Oh oui, beaucoup de bruit autour de ce livre qui m'a laissée de marbre. La soustraction des possibles divise assez les lectrices mais c'est normal, on peut ne pas adhérer au ton.
M
Je suis entièrement d'accord avec toi pour le roman de Sandrine Collette, il est excellent et addictif mais pas un coup de cœur de mon côté non plus. Je n'ai lu aucun des romans de ton trio de tête mais j'en ai entendu beaucoup de bien. Curieuse de découvrir le verdict final!
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N
Moi aussi j'ai hâte de connaître le palmarès même si tout ça sera à distance...
K
Je trouve la sélection plutôt intéressante. Bien tentée par Le ghetto intérieur et La soustraction des possibles, et éventuellement le Elif Shafak...
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N
Oui, sélection intéressante qui m'a permis de découvrir quelques plumes qui me tentaient depuis longtemps.
B
Je suis assez attirée par Le ghetto intérieur.
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N
Je ne peux que t'encourager à le lire.