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La dixième muse - Alexandra Koszelyk

4 Mars 2021 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Ça avait plutôt bien commencé. J'avais ouvert ce livre dopée par le joli souvenir du premier roman d'Alexandra Koszelyk, A crier dans les ruines et la curiosité aiguisée par le pitch mêlant nature, poésie, réalisme magique (même si ce n'est pas vraiment mon univers le réalisme magique). J'avais fait fi de la couverture que je semble être la seule à ne pas trouver jolie, et je m'étais engagée en sifflotant presque à la suite de Florent dans les allées du Père Lachaise. J'avais suivi sa course incongrue vers le sommet de l'arbre, sa rencontre avec la tombe d'Apollinaire, son retour chez lui avec un disque de bois rapporté de sa balade. J'avais souri lors des premières manifestations quasi surnaturelles qui introduisaient le poète dans l'existence du jeune homme jusque-là plutôt indifférent à son œuvre ; j'étais toute disposée à suivre dans cette veine, à découvrir ce que les hallucinations ou les rêves de Florent allaient provoquer et où tout cela allait le mener. Et puis... je me suis perdue en chemin.

Cela fait plusieurs semaines que je tente de rassembler mes pensées pour mettre le doigt sur ce qui ne fonctionne pas pour moi. Plusieurs semaines que je regarde passer les déclarations d'amour des lecteurs (parfois avant même d'avoir lu le livre...), perplexe. Alors je me lance. D'abord, j'ai trouvé à l'ensemble un côté un peu trop appliqué qui m'a empêchée de vibrer. Les prises de parole de celles et ceux qui ont traversé la vie de Guillaume Apollinaire m'ont fait penser à des inserts très didactiques, assez scolaires et j'ai eu beaucoup de mal à entendre leurs voix. Ce qui me maintenait dans le récit était le parcours de Florent, ses va et vient entre rêve et réalité, sa réalité parallèle fantasmée. Chaque intervention d'un nouveau personnage du passé me faisait lourdement retomber sur terre, peut-être par trop de travail de vulgarisation. Mais je suivais encore. Ce qui m'a définitivement perdue c'est la prise de parole de Gaïa. Là, j'ai eu l'impression de lire un cours interminable de "mythologie racontée aux enfants". Peut-être ai-je perdu mon âme d'enfant (si tant est que j'en aie eu une un jour) mais je n'ai plus du tout redécollé, malgré le final et ses têtes tournées vers les étoiles. Le passé simple n'a certainement pas aidé. Le fait d'avoir côtoyé Apollinaire dans de nombreux ouvrages et de façon bien plus fouillée, non plus.

Contrairement à la fraîcheur et au naturel du précédent, j'ai trouvé que l'on sentait comme une contrainte dans l'écriture de ce deuxième roman, comme si l'auteure s'était forcée à entrer dans un certain moule, tout en mêlant des thèmes qui lui sont chers - la poésie d'Apollinaire, la nature - dans un objectif qui m'a paru bien obscur dans sa révélation finale. A en croire les avis dithyrambiques qui pleuvent sur les réseaux sociaux, cela plaît beaucoup. Pas à moi, malgré toute la sympathie que m'inspire Alexandra et les affinités que je peux avoir avec certains de ses thèmes. Peut-être le prochain m'ira-t-il mieux à la tête et au cœur ?

"La dixième muse" - Alexandra Koszelyk - Aux forges de Vulcain - 280 pages

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