Des idées de lecture pour cet été...
Je ne sais pas si c'est la même chose pour vous mais j'aime de plus en plus associer mes lectures au lieu où je me trouve. Profiter d'un contexte particulier. L'an dernier j'avais eu envie de mettre l'accent sur des romans dépaysants histoire de compenser la sédentarité forcée de l'époque. Alors que nous retrouvons un peu de liberté, je me suis demandé quels seraient les meilleurs lieux pour ouvrir les livres qui me semblent être de parfaits compagnons de voyage ou d'itinérance. Voici mes propositions, c'est vrai, après tout les livres ont le droit eux aussi de voir du pays...
Cliquez sur les liens des titres pour accéder aux billets complets.
A la terrasse d'un restaurant d'altitude, face aux sommets de votre chaîne de montagnes préférées. Il fait beau, les prévisions météo sont formelles vous ne devriez être dérangée par aucun phénomène désagréable... c'est aussi ce qui était prévu pour les alpinistes émérites qui se sont attaqués au pilier central du Frênay dans le massif du Mont-Blanc en juillet 1961. Cette aventure, laissez la plume inspirée de Virginie Troussier vous la faire ressentir, vous vivrez une expérience extraordinaire, la fulgurante beauté d'une aventure humaine. A pleurer d'émotion. "Au milieu de l'été, un invincible hiver" (Guérin)
A la belle étoile, au milieu de paysages à la beauté grandiose, le visage tourné vers le ciel et son immensité lâchez prise et laissez-vous flotter au gré de la plume de Sigolène Vinson et partez en quête des souvenirs des joies profondes. L'été est le moment idéal pour accepter d'être en lévitation entre réalité et fantasme, laisser son esprit explorer un autre espace-temps. Tentez l'expérience... "La canine de George" (Éditions de L'Observatoire)
Sur le ferry, ou à la terrasse d'un bistrot sur le port face au débarcadère mettez-vous dans les pas de Leni et laissez-vous conter son histoire et celle des autres iliens, leurs appréhensions alors qu'un pont doit bientôt relier leur île au continent. La délicatesse et la pudeur guident la plume de Martin Dumont servie par un regard plein d'empathie. Émotion garantie. "Tant qu'il reste des îles" (Les Avrils)
Sur la place d'un "plus beau village de France", son unique café face aux vieilles pierres faites connaissance avec Sam, son côté poil à gratter, son amour pour les vieux bâtiments, sa préférence pour le beau et son mystère qui, on le devine, ne va pas lui apporter que des amis. Quand c'est en plus Erwan Larher qui raconte, la langue est au rendez-vous et les surprises vous scotchent aux pages jusqu'à la fin qui arrive trop tôt. "Indésirable" (Quidam)
Dans une petite crique sauvage et déserte, juste la mer, le sable et un cocon de végétation qui vous isole du monde, oubliez les horloges qui rythment les jours, plongez dans les réalités alternatives de la plus douée des "maîtres du temps", Emily St John Mandel. Quel talent pour nous envelopper d'une atmosphère aussi singulière qu'entêtante. Du grand art. "L'hôtel de verre" (Rivages)
Dans l'avion, cette parenthèse atemporelle qui vous offre une sensation de flottement, glissez-vous à la place d'un pilote kamikaze durant la seconde guerre mondiale, le temps d'un court roman plein de poésie et de finesse dans l'expression des émotions. D'une plume précise au style impeccable, Stéphanie Hochet interroge le sens d'une vie et ce qui fait une civilisation. Universel. "Pacifique" (Rivages et Rivages poche)
Dans le grenier d'une maison de famille, là où l'on s'échappe pour grignoter quelques instants de tranquillité et bouquiner en douce pendant que d'autres font la sieste ou jouent dans le jardin, plongez-vous dans le quotidien de la famille Sorenson, avec ce bon gros roman immersif. Claire Lombardo y décortique parfaitement les sentiments et manie les ressorts dramatiques avec talent. On s'y vautre avec un plaisir gourmand et addictif. "Tout le bonheur du monde" (Rivages)
Dans le jardin d'un musée ou le parc d'un château, près de murs chargés d'histoire et imprégnés d'art, picorez ces quelques instants au gré de vos balades, de vos déambulations. Approchez au plus près des sensations de ces artistes dans des moments où tout s'apprête à changer pour eux, où leur vie prend une tout autre direction. Appréciez la plume subtile de Marianne Jaeglé, la justesse de la captation et de la restitution. Et savourez. "Un instant dans la vie de Léonard de Vinci et autres histoires" (L'Arpenteur)
Dans un hamac, au cœur de la forêt, à l'ombre d'arbres centenaires laissez-vous transporter en Amazonie et offrir un angle de vue totalement renversé sur notre civilisation. On connaît le talent de conteur de Pascal Manoukian, nourri du regard de celui qui a longuement arpenté le monde, et qui puise dans la force des récits pour tenter d'ouvrir les consciences. Un questionnement essentiel autant que dépaysant. "Le Cercle des Hommes" (Seuil et Points)
Couché dans l'herbe, dans une petite clairière au fond des bois, près d'un ruisseau qui rafraîchit agréablement l'atmosphère partez sur les traces de Frieda, la femme qui inspira à D.H. Lawrence la plupart de ses romans dont bien sûr "L'Amant de Lady Chatterley". Annabel Abbs livre un portrait documenté et passionné, aussi agréable à lire qu'instructif et nous rappelle que derrière chaque "grand" homme il y a souvent une femme. Et quelle femme ! "Frieda" (Pocket et Hervé Choplin)
Et si malgré tout mes efforts vous ne trouvez pas votre bonheur dans cette liste, n'hésitez pas à vous promener parmi les quelques 950 chroniques sur ce blog. Je rappelle notamment à ceux qui ne l'ont pas encore lu que Francis Rissin est paru en poche (Pocket) et que l'été est la saison idéale pour lui consacrer un peu de temps (écouter mon entretien avec Martin Mangin).
Bonnes lectures à tous, une petite pile de lectures estivales m'attend aussi, je ne manquerai pas de vous en parler au cours de l'été.