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Mausolée - Louise Chennevière

10 Septembre 2021 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Elle l'a aimé passionnément, éperdument, à en souffrir. Mais il n'est pas question d'en mourir tant ce texte palpite de vie, d'un souffle suspendu à l'écriture du mot juste, à l'alignement de phrases qui s'épuisent parfois avant de repartir gonflées d'une toute nouvelle énergie. On peut y prendre le pouls de l'amoureuse, sentir vibrer la passion dans toute sa splendeur puis son effondrement. Car de cette histoire simple, Louise Chennevière sublime la veine littéraire pour livrer une magnifique bataille des sentiments.

"Car le temps et le monde jamais ne nous attendent, ne se soucient pas de ça, car les choses toujours commencent et finissent, se lèvent et s'effondrent, car il faut avancer et qu'on ne peut pas se tenir pour toujours à l'heure d'une minable, d'une ridicule peine d'amour. Quand on est libre et qu'on a, la vie devant soi".

Comment se bat-on avec la passion, la dépendance, le chagrin d'amour, lorsque l'on est une jeune femme indépendante, forte, prévenue par ses lectures "depuis toute petite" que les romans d'amour finissent toujours mal ? Quand on ne veut surtout pas du destin de ces héroïnes de papier qui finissent "éperdues et abandonnées" ? On prend la plume, on fouille au plus profond des émotions et des sensations, on recrée, on raconte. On porte la plume là où ça fait mal, tout en construisant une sorte de remède à l'oubli, ce mausolée de papier dans lequel reposera la dépouille de cet amour perdu mais si intense, si constitutif de ce que l'on est et de ce que l'on sera après. Dans ce livre, un livre s'écrit qui ne sera jamais terminé, dédié à un seul lecteur qui ne le lira jamais, peu importe parce que nous, lecteurs de Mausolée avons la chance de nous laisser couler dans les phrases à la forme si singulière de celle qui transforme la douleur en offrande littéraire.

"Oui j'aurais préféré, n'avoir rien à en dire parce qu'on n'écrit jamais que sur les choses quand elles sont mortes, quand elles ne sont plus, et que j'aurais voulu me tenir moi, pour toujours à l'instant de ce bonheur avec toi".

Comme la chienne, le premier roman de Louise Chennevière prenait aux tripes, Mausolée entre sous la peau et se diffuse lentement comme un sérum de vérité des sensations. C'est fascinant. Je suis définitivement accro à son écriture.

"Mausolée" - Louise Chennevière - P.O.L - 160 pages

 

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D
Je sais bien qu'en littérature tout est dans le traitement et que n'importe quel sujet, aussi rebutant puisse-t-il apparaître, peut donner le meilleur livre. Cependant, je t'avoue que je ne suis pas très tentée. Peut-être suis-je en train de passer à côté d'un très beau roman...
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N
Pour ce qui me concerne, si je m'en étais tenue à mes a priori je n'aurais jamais lu "Comme la chienne" et je serais passée à côté d'un gros choc. Je suis aussi plutôt sensible au thème pour le choix d'un livre, mais dans le cas qui nous occupe, c'est l'écriture de Louise Chennevière qui me fascine, et ça a encore marché ici. Plus j'avance en âge, plus je pense me connaître et plus je découvre que je peux encore me surprendre ;-)
Z
L'autrice ne figure pas dans le catalogue de la Bib départementale. J'essaierai de le trouver d'occas, très tentée surtout en lisant ta chronique
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N
C'est dommage en effet, mais peu étonnant au vu de l'écho très confidentiel qu'a eu son premier roman... celui-ci a un peu plus de presse, peut-être que cela contribuera à la faire référencer dans les bibliothèques ?