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La fin d'une ère (La saga des Cazalet V) - Elizabeth Jane Howard

10 Octobre 2022 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

En terminant le quatrième volet de la saga (Nouveau départ), je savais, puisqu'il était annoncé, qu'il y aurait un ultime épisode mais j'avais aussi l'impression que la véritable fin était là. J'étais donc partagée entre la joie à la perspective de retrouver une famille à laquelle je m'étais attachée au fil des quelques deux-mille pages de tribulations et la crainte du tome de trop. D'autant que ce cinquième et dernier opus a été écrit dix-huit ans après le précédent alors que l'auteure était déjà très âgée comme je l'ai appris dans un intéressant article qui dressait le parallèle entre la vie d'Elizabeth Jane Howard et ce qu'elle en fait porter par ses personnages.

Bon, je ne vais pas faire durer le suspense, pour moi cet épisode est inutile. Bien sûr qu'il se lit, les personnages nous sont à présent familiers et il se crée une sorte de lien entre eux et nous mais est-ce bien suffisant ? J'ai eu l'impression que beaucoup d'entre eux étaient vidés de leur substance, notamment les trois cousines Polly, Clary et Louise qui portaient une bonne part des perspectives d'avancées de l'intrigue. Résultat, ça tourne un peu en rond, chacun se morfond dans les affres de problèmes domestiques ou conjugaux - voire extra-conjugaux sans que j'aie ressenti l'habilité à tisser la trame romanesque qui faisait le sel des précédents tomes. Peut-être qu'avec la mort de la Duche (qui ouvre le récit, je ne dévoile rien) c'est aussi l'âme de la famille qui s'en est allée. C'est la fin d'une époque, certes mais était-on obligé de tomber dans des considérations si terre-à-terre ? Et où est passée la trame contextuelle qui ancrait si finement la famille dans une époque et dans l'Histoire ? A peine quelques évocations des débats politiques, mais ni littérature ni spectacles. Les affaires de la famille se cassent la figure mais c'est juste un élément du décor. Quand je lis "En préparant la pâte pour le gratin de saucisses du dîner, Clary se fit la réflexion que la vie n'était pas une chose facile à vivre", il me semble que la dame a vraiment manqué d'inspiration. Dommage parce que l'on retrouve quand même par endroits quelques réminiscences de ce qui a fait aimer cette saga, comme la remarque d'Edward à sa fille Louise (engluée dans une histoire avec un homme marié), constatant dans un éclair de lucidité qu'"il est bien plus facile d'avoir une maîtresse que d'en être une".

Cette saga m'aura bien occupée, accompagnée pendant deux drôles d'années marquées par un virus, des confinements et pas mal d'interrogations sur l'avenir du monde. C'était chouette de les avoir, de les regarder se débattre dans des problèmes d'un autre temps et d'une autre classe. On ne peut pas en vouloir à l'auteure d'avoir eu envie de continuer à les faire vivre au maximum. En novembre un très beau coffret regroupant les cinq volumes sera mis en vente, il y aura des heureux à noël et c'est tant mieux (si je ne les avais pas déjà, je me l'achèterais). On a beau écrire "The End", dans ces pages Home Place ne mourra jamais.

"La fin d'une ère" (La saga des Cazalet V) - Elizabeth Jane Howard - La Table ronde - 556 pages (traduit de l'anglais par Cécile Arnaud)

(Pour lire mes chroniques sur les différents tomes, suivez l'Index par auteurs)

 

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