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Une journée au salon avec... Jérémy Fel

11 Octobre 2023 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Un moment avec...

On s'était dit rendez-vous sur le stand et on verra comment on s'organise. Ce n'est pas la première fois que nous nous voyons, Jérémy Fel est un habitué du salon du livre du Mans et j'ai aussi eu la chance d'être invitée au lancement de son deuxième roman, Helena, en 2018. Je suis accro depuis Les loups à leur porte. Comme beaucoup j'ai renoncé à résoudre l'énigme posée par ce Jérémy si sympathique qui met en scène la pire noirceur de la nature humaine dans ses romans qui ne sont pas pour autant des thrillers. Après tout la littérature doit garder un certain mystère. En fait d'organisation j'ai pris le parti de suivre Jérémy tout au long de la journée histoire de vivre le salon côté auteur...

Un dimanche ensoleillé, un chapiteau déjà bien chauffé, des piles de livres sur les tables... Tout est prévu pour l'accueil des auteurs qui se voient remettre badge, programme personnalisé, tote bag avec quelques goodies. Libraires aux petits soins. Café, petits gâteaux. Ne reste qu'à découvrir le voisinage. Jérémy est installé entre Jérôme Atal dont le stock de Petit éloge des chats a été dévalisé la veille et Jean-Paul Delfino dont le roman Guyanes affiche fièrement son tout nouveau bandeau Prix Saint-Exupéry proclamé lors de la soirée d'ouverture du festival. Pas mal. Les lecteurs s'approchent timidement. Une jeune femme engage la conversation, elle suit des blogs qui adorent les romans de Jérémy - petit clin d’œil de l'auteur dans ma direction - et se lancerait bien. Sourires, on s'en dit un peu plus, Jérémy est encore frais alors va pour un long pitch. Vendu. Un homme attend son tour. Il explique qu'il est ancien président de cour d'assises alors la violence, les familles toxiques... n'empêche qu'il ne peut pas lâcher le livre qu'il a apporté avec lui pour une dédicace. Il lui reste une soixantaine de pages, ça ne va pas faire long feu. Signatures, selfies (on n'y coupe pas, sportifs, chanteurs, écrivains même combat). Pendant les creux j'en profite pour discuter bouquins avec Jérémy. C'est un grand lecteur, d'ailleurs il a posé sur sa table Les frères K de David James Duncan dans une jolie édition de Monsieur Toussaint Louverture. 800 pages. Ce sera sans doute pour le train car les visiteurs du salon lui laissent assez peu de répit. Après ce pavé il compte lire le dernier McEwan (une merveille, je viens de le terminer, j'en reparle bientôt) ; nous partageons notre admiration pour des romans qui sortent de l'ordinaire comme Intérieur nuit de Marisha Pessl ou Les luminaires de Eleanor Catton. A table on parle nourriture, sur un salon du livre on parle bouquins. What else ?

La feuille de route est chargée, l'après-midi une rencontre réunit Jérémy et deux auteurs de purs polars sur le thème "Au cœur du suspense". L'occasion de revenir sur les choix d'écriture - le lieu (l'Afrique du sud joue un rôle très spécial dans Malgré toute ma rage, il n'a pas pu s'y rendre mais les livres l'ont aidé à s'en faire une idée réaliste), la structure (pour la première fois Jérémy avait un plan précis et savait exactement où et comment il y allait), le choix d'une narration à la première personne (meilleur moyen pour obliger le lecteur à coller aux pensées les plus violentes des protagonistes, à les ressentir), les personnages, les allusions (il a fallu flouter pour éviter que certains se reconnaissent dans le milieu de l'édition)... - mais ce genre de plateau a ses limites, la première étant que les croisements entre les livres sont rares ce qui donne une rencontre un peu hachée. Pour l'auteur il faut s'adapter aux questions du médiateur, tenter de rebondir sur les interventions des autres, pas évident tout ça. Et sans en dévoiler trop sur l'intrigue pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs. Moins d'une heure après le voici dans le studio installé par la fédération des radios indépendantes de Maine Anjou pour une rapide interview. Nouvel interlocuteur, autres questions, plus alertes. Nouveau pitch. Les curieux s'agglutinent devant le studio. Et on en retrouve quelques-uns un peu plus tard devant l'emplacement de Jérémy. Ses paroles ont porté, encore quelques échanges, signatures, un petit pincement au cœur au moment de dédicacer à une Dominique (ceux qui savent savent), merci et bonne lecture à vous. Lors d'un entretien Jérémy a confié s'être inspiré de certains de ses voisins auteurs lors de précédents salons pour camper les personnages de Malgré toute ma rage qui naviguent dans le milieu de l'édition. Quid des lecteurs, des passants, des blogueurs ? Comment savoir s'il ne nous rangera pas dans l'une de ses perverses intrigues à venir ? A discuter gaiement au bord du stand j'ai failli oublier qu'il faut toujours se méfier des écrivains, surtout quand ils voient le mal partout...

Mine de rien la journée passe à la vitesse de l'éclair. A peine le temps d'aborder les projets en cours de Jérémy Fel : le cinquième roman (très dodu a priori), l'écriture de séries, un Eloge.. au titre encore secret dans la chouette collection Rivages... tout ceci en continuant d'honorer les invitations des libraires et des organisateurs de salons. Aucun signe d'une quelconque rage, elle est sans conteste enfermée dans le bouquin. A suivre donc.

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V
J’aime beaucoup ce format de « chronique ». C’est toujours intéressant le regard du lecteur sur l’auteur.<br /> Jérémy Fel, c’est mon seul regret du salon… j’aurais aimé le voir le samedi.
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N
Oui malheureusement son planning de star l'a obligé à réduire sa présence... je comprends que ce soit ton seul regret, la journée de samedi était beaucoup plus dense 🙂
D
Très sympa et très vivant ce reportage ! Il donne envie de découvrir cet auteur.
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N
Merci Delphine, faut bien que je tienne au courant les copines qui ne viennent pas au Mans 😉
I
Merci pour ce partage. Quelle chance de pouvoir échanger aussi longuement avec un auteur, ce sont toujours des expériences très revigorantes !<br /> De manière bien plus modeste, j'ai pu ce week-end discuter quelques instants avec certains d'entre ceux qui étaient présents au salon du Livre de poche de Gradignan (Yan Lespoux, Benoît Séverac, Raphaël Confiant, Thomas Cantaloube ou Franck Bouysse, entre autres), et surtout assister à leurs entretiens, c'est toujours passionnant d'écouter les écrivains sur leurs méthodes de travail ou sur ce qui les a motivés à traiter de tel ou tel sujet..
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N
Oui c'est vrai, souvent on a peu de temps autour d'une dédicace, là on a pu évoquer pas mal de sujets.