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La chatte - Colette

19 Décembre 2023 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Cela faisait longtemps que j'avais envie de lire ce roman qui s'est révélé à la hauteur de mes attentes. Cette année 2023 aura donc été - entre autre - celle de la redécouverte de l'écriture de Colette après La vagabonde lu en mars, roman de la maturité dont j'ai adoré la liberté de ton. La chatte est l'un des livres les plus connus de l'autrice, il était grand temps de s'y frotter. Très court, à peine 120 pages mais d'une intensité parfaite. Le lecteur est invité dans l'intimité d'Alain et Camille, deux jeunes gens à l'orée de l'âge adulte qui se fréquentent depuis l'enfance et s'apprêtent à se marier. Le futur petit nid des tourtereaux est en travaux à deux pas de la propriété familiale du marié héritier d'une entreprise qui ne semble pas beaucoup l'intéresser. Ce qui le préoccupe est surtout le sort de Saha, sa chatte adorée. Ces deux-là sont inséparables mais comment introduire ce troisième élément dans le couple sans déclencher de jalousie ? Tout le talent de Colette est de conduire par petites touches le cheminement dramatique de cet impossible trio et d'interroger tout du long la réalité des sentiments qui lient entre eux chacun des protagonistes. L'amour n'est pas forcément où on le croit tout comme la frontière entre l'homme et son animalité est bien poreuse. Il y a chez Colette une acuité remarquable dans l'appréhension des caractères et une application malicieuse à les reproduire sans fard et sans gants, si ce n'est celui de l'expression artistique. La sensualité affleure dans les mouvements des uns et des autres, jouant sur la confusion entre les états, "lorsqu'en changeant de posture Alain lui retira son bras, elle reçut de lui une caresse inconsciente qui, glissant par trois fois sur sa tête, semblait habituée à lisser un pelage encore plus doux que ces doux cheveux noirs". En passant, l'autrice ausculte avec une férocité joyeuse les différences de classes, le jeu des apparences, le ridicule des alliances conclues entre deux êtres qui en savent si peu l'un de l'autre, l'égoïsme et la naïveté toujours prêts à surgir de l'ombre. Son parti est pris depuis le début, il a le pelage gris et soyeux des chartreux, la patience des prédateurs et l'intelligence des félins qui se savent nés pour régner.

"La chatte" - Colette - Le livre de poche - 168 pages (avec préface de Nicole Ferrier-Caverivière)

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D
Tiens, c'est amusant, je vient de lire "Le blé en herbe", ça faisait longtemps que je voulais découvrir Colette. Je dois dire qu'en dépit de la brièveté du livre, je l'ai trouvé assez long. Si ce qu'elle dit de l'entrée dans 'âge adulte, la découverte de la sensualité et de la sexualité me semblent assez juste, j'ai trouvé son style un peu emphatique. Je n'exclue pas cependant de faire une nouvelle tentative avec un autre titre (mais sûrement pas avec La Chatte, trop loin de mes préoccupations.
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N
Oui le style peut sembler parfois emphatique - c'est le cas dans La vagabonde (qui pourrait t'intéresser je pense car évoque beaucoup la complexité de l'état de femme, l'aspiration à une plus grande liberté... ) mais pas de celui-ci qui au contraire se révèle d'une exquise férocité. Pas vraiment tentée par Le blé en herbe, il faut que je regarde ce qui pourrait m'intéresser dans son œuvre.
C
Belle critique ! C'est exactement ça ! Magnifique écrivaine que Colette, qu'il ne faut pas oublier...
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N
Tu as raison, je suis ravie d'avoir redecouvert sa plume cette année 🙂