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Dans la maison de mon Père - Joseph O'Connor

5 Février 2024 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

A partir d'une histoire vraie, Joseph O'Connor construit un roman haletant, sorte de thriller historique qui nous immerge dans la Rome occupée par les Allemands un peu avant Noël 1943. Son héros, Hugh O'Flaherty est un prêtre irlandais rattaché au Vatican et qui joua un rôle décisif dans la résistance ; pour nous, l'auteur reconstitue les heures cruciales d'une opération éminemment risquée alors que des rumeurs font craindre l'invasion du Vatican par les forces d'occupation. Depuis des mois, le prêtre et ses coéquipiers camouflés en membres d'une chorale œuvrent pour cacher et faire évader des prisonniers, des juifs et des soldats alliés au nez et à la barbe de Paul Hauptmann, le redouté et redoutable Obergruppenführer. L'étau se resserre autour d'eux et la tension devient insoutenable tandis que la narration fait alterner les minutes de cette nuit de tous les dangers avec les témoignages de certains protagonistes interviewés une vingtaine d'années après les faits.

Ce qui est spectaculaire c'est la façon dont l'auteur nous immerge dans les rues de Rome, rendant le décor mais aussi l'obscurité et le risque palpables. Si la figure de Hugh O'Flaherty est des plus romanesques, elle suscite également l'admiration et l'homme prend corps sous la plume aussi respectueuse qu'amusée du romancier, esquissant son parcours et son engagement, composant son roman en toute liberté. La fine équipe qui entoure le prêtre est des plus improbables, de tous horizons, ça bricole, ça dissimule dans les coursives d'une ambassade, ça se joue des surveillances avec une fausse candeur et une vraie détermination. Mais l'idée d'alterner les temporalités donne à l'ensemble une réelle profondeur de champ avec d'un côté la course haletante de l'action immédiate, ses aléas, ses renversements de situation en quelques secondes, de l'autre les témoignages "à froid" de celles et ceux qui ont participé à l'élaboration de tout ou partie de l'opération et reviennent en parler avec un recul encore étonné face à ce qui a été accompli. Rien de mieux pour faire percevoir l'urgence de l'action, la réalité du moment. La part héroïque du simple citoyen. C'est vraiment très fort, instructif, orchestré avec brio et un grand sens du suspense. Chapeau l'artiste !

"La maison de mon Père" - Joseph O'Connor - Rivages - 432 pages (traduit de l'anglais (Irlande) par Carine Chichereau)   

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K
Je suis une fan de Joseph O'Connor... je ne lui en veux même pas de m'avoir ennuyée avec Muse et j'ai grande envie de lire ce roman ! Je note qu'on est immergé dans les rues de Rome, voilà qui me plaira, car je sors d'un roman où les paysages étaient inexistants.
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N
Certaines descriptions sont très belles, tu verras. Et quelle équipe ! Tu ne vas pas t'ennuyer 🙂
D
Voilà qui semble aussi intéressant que haletant, bref réussi. Mais faudrait que Rivages arrête les couv sombres à dominante bleue avec une silhouette noire, on va finir par confondre tous leurs titres...
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N
C'est vrai que cette couverture a un air de déjà vu, notamment sur le précédent roman de l'auteur... Mais il me semble qu'ils en font de très différentes. Côté contenu je confirme : très réussi :-)