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Highlands - Jérôme Magnier-Moreno

14 Mai 2024 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Récits

Partir sur un coup de tête, laisser derrière soi les disputes, la sensation d'étouffer dans l'appartement familial, une compagne et un enfant, dire simplement je reviens dans une semaine. Et improviser un départ, vers le nord.
Improviser ? Oui et non.
Car l'objectif de ce voyage, un lac méconnu des Highlands est synonyme de retour vers l'enfance, vers un temps où tout était encore en place, où les morts vivaient encore, sorte de bonheur perdu qui peine à être remplacé.
Partir pour mieux revenir. A soi puis chez soi.
C'est le voyage qui compte. Le voyage d'un artiste qui arpente le monde par le prisme des couleurs autour desquelles s'organise son récit, ce qui était déjà le cas dans le premier roman de Jérôme Magnier-Moreno, Le saut oblique de la truite. Là aussi une tentative de retour au bonheur de l'enfance mais en Corse où l'on croisait déjà des truites et des ruisseaux. Les paysages des Highlands sont plus minéraux, plus âpres, à l'image de l'état d'esprit du voyageur qui tente de se remettre en phase avec son environnement. Dans ce récit, plume et pinceau semblent former un instrument hybride qui explore l'intime à l'aune de la matière qui guide ou obstrue la progression du voyageur. Il fallait bien la rudesse des landes pelées, la beauté sauvage des étendues bleues des lochs, ce désert magnifique pour secouer une âme ensevelie sous la tristesse ; la douce pureté de l'onde des ruisseaux pour consoler et réconcilier.
Si la couleur est omniprésente sous la plume de l'auteur, ses peintures qui ponctuent le texte viennent compléter les sensations et illustrer les perceptions. Pour aboutir à un objet presque précieux, que l'on devine éminemment important pour lui, vital même, et qui offre à celui qui le lit un espace vers d'autres possibles, d'autres imaginaires, d'autres voyages vers ses propres lieux secrets, où qu'ils soient.
Effets secondaires probables : une irrésistible envie d'attraper le Caledonian Sleeper pour filer là-haut.

"Highlands" - Jérôme Magnier-Moreno - Gallimard/Le sentiment géographique - 118 pages

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K
Terminé hier soir!!! Je ne lis donc pas trop en détail ton billet, et, oui, j'ai envie de prendre ce train... ^_^
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N
Ah, c'est donc bien un effet secondaire prévisible 😉 J'attends ton billet.
K
Je n'avais pas été emballée par un roman de l'auteur, Le saut oblique de la truite, mais y avais trouvé de belles descriptions de la Corse.
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K
Prise en flagrant délit de lecture en diagonale... :) Le nom de l'auteur m'avait titillée, et j'ai sauté à la conclusion.
N
Je l'ai lu aussi et mon billet est en lien dans celui-ci ; il y avait de jolies choses, effectivement dans les descriptions et j'avais aussi quelques bémols sur la narration. On est ici dans un exercice assez différent...