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Premières plumes - Charlie Gilmour
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Le titre anglais, Featherhood joue sur deux mots et les réunit en un concept sans doute impossible à traduire en français : fatherhood, paternité et feather, plume. Synthèse parfaite du récit émouvant de Charlie Gilmour sur la façon dont une jeune pie tombée du nid et recueillie par sa compagne a changé le cours de sa vie. Une vie marquée par la culpabilité que la fuite de son père biologique alors qu'il était bébé a creusée au fil du temps et de ses questionnements, malgré l'amour d'une mère, la chaleur d'un beau-père attentionné et le réconfort d'une famille recomposée. Charlie se sent responsable de cette fuite, rongé par un manque qu'il ne comprend pas. La relation qu'il va nouer avec l'oiseau dépasse tout ce qu'il aurait pu imaginer, toutes les idées reçues sur les pies, et va l'amener à regarder le monde d'un œil nouveau. Et notamment bouleverser sa relation à la paternité au point de lui permettre d'envisager enfin la sienne.
Le récit de Charlie Gilmour est magnifique dans son exploration de l'altérité, de ce qui relie, de ce qui sépare et peut-être réparé. De l'inné et de l'acquis. La plongée dans l'univers des corvidés est passionnante, la cohabitation avec Benzene réserve quelques surprises mais la beauté de l'histoire vient de l'apprentissage commun qui libère peu à peu, de l'attention et de l'ouverture réciproques. Le parallèle très habilement mené n'a rien de superficiel, les intelligences se rencontrent et s'enrichissent mutuellement. La transformation qui s'opère en Charlie est profonde et le récit-roman qu'il compose est une superbe déclaration d'amour à Benzene "incarnation de la joie simple d'être au monde" et artisan d'une sorte de renaissance. Tout comme pour l'auteur, il est fort probable que chaque lecteur ne regardera plus tout à fait les pies de la même façon, même s'il prend soin de préciser pourquoi recueillir un oiseau blessé n'est pas forcément une bonne idée et quoi faire en cas de doute.
Un texte surprenant, émouvant et incroyablement réconfortant.
"Premières plumes" - Charlie Gilmour - Métaillié - 304 pages (traduit de l'anglais par Anatole Pons-Reumaux)
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