Rencontre avec Jonathan Coe
En ce 14 février, ni le rituel de la Saint Valentin, ni le début des vacances scolaires n'ont découragé les amateurs de littérature britannique qui se pressent autour de Jonathan Coe, à l'invitation de la dynamique librairie Atout Livre. Rencontre en v.o. à l'occasion de la parution de son dernier roman "Expo 58" et d'un premier roman jeunesse.
Depuis "Testament à l'anglaise" (20 ans déjà !), Jonathan Coe est l'un de mes auteurs préférés. Un humour caustique, une vision sans concession de la société britannique, un art certain pour tisser des intrigues aussi complexes que passionnantes, avec en plus cette griffe "so british" dont je ne me lasse pas. Bref, la collection Jonathan Coe occupe un certain espace dans ma bibliothèque mais je garde une tendresse particulière pour ce "Testament à l'anglaise" et le souvenir d'un pur plaisir de lecture, moment parfait. A présent, mon vieil exemplaire Folio est garni du paraphe (illisible, by the way) de son auteur. Il fait partie des dix livres que j'emporterais sur une île déserte s'il me fallait n'en choisir que dix (le drame !).
J'ai également beaucoup apprécié "La pluie avant qu'elle tombe", un peu à part dans l’œuvre de Jonathan Coe avec une tonalité mélancolique inhabituelle, qui véhicule beaucoup d'émotion. Amusant d'apprendre que le personnage principal de "Expo 58" a été extirpé de "La pluie avant qu'elle tombe" dans lequel il est simplement cité. Et que Jonathan Coe envisage de puiser encore à l'avenir dans la galerie de personnages développée avec cette famille. Explorer d'autres contextes, d'autres pays européens. Il explique envisager son œuvre comme une mosaïque qui, une fois achevée, devrait être le reflet de l'Angleterre à travers les décennies. "Testament à l'anglaise" a été présenté comme le grand roman des années 80, il a également exploré les années 70, 90 et dernièrement 2000 avec "La vie très privée de Mr Sim", formidable et rocambolesque "road movie" à travers l'Angleterre profonde. Bientôt, ce sera le tour des années 2010 et il semble que son quartier, Chelsea et surtout ses évolutions dont il est le témoin privilégié, servent de point d'ancrage à son prochain roman.
Mais revenons à l'actualité. Jonathan Coe présente "Expo 58" comme une parodie de roman d'espionnage des années 50, inspirée par Ian Fleming et John Le Carré, mais également comme un hommage aux films d'Alfred Hitchkock auquel il voue un véritable culte. Passionné de cinéma, Jonathan Coe est également l'auteur de deux biographies d'acteurs et siège volontiers dans certains jurys de festivals comme il y est régulièrement convié. Lorsqu'on lui demande pourquoi les auteurs britanniques sont si inspirés par l'espionnage cette année (Ian Mc Ewan publie "Opération Sweet Tooth" également chez Gallimard dans la même veine et William Boyd s'apprête à dévoiler une aventure inédite de James Bond), il commence par répondre que c'est un hasard. Avant de réfléchir et de reconnaître que les auteurs de sa génération ne peuvent qu'être influencés et inspirés par les deux maîtres du genre que sont John Le Carré et Ian Fleming dont les romans font aussi figure de peintures sociétales. Question inspiration, pour sa part, il attribue sa prolixité aux longues plages d'ennui de son enfance, propices à développer l'imagination... Modeste, trop modeste.
Je n'avais pas besoin d'être convaincue, mais après cette rencontre, la perspective de ce nouvel opus à découvrir est encore plus réjouissante. Je vais faire durer un peu le plaisir de l'attente... Et on en reparle bientôt.
NB : tous les romans de Jonathan Coe sont parus chez Gallimard (et Folio) ; si vous ne connaissez pas, précipitez-vous ! Plaisir garanti.