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Rencontre avec Chimamanda Ngozi Adichie

22 Janvier 2015 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Rencontres-Salons

Rencontre avec Chimamanda Ngozi Adichie

On nous l'annonçait décalée, fraîchement débarquée des États-Unis le matin même pour enchaîner rencontres et conférences de presse. Dans le petit salon que les Éditions Gallimard ont mis à la disposition de cette réunion de lecteurs organisée avec Babelio, elle arrive, belle, souriante, malicieuse. Vêtue d'un superbe corsage aux motifs ethniques. Arborant une magnifique couronne de tresses africaines, comme sortie tout droit des pages de son livre.

C'est une première pour Chimamanda Ngozi Adichie. La première fois qu'elle participe à une rencontre avec une communauté de lecteurs et de blogueurs littéraires. Elle sourit lorsque une jeune femme souligne que pour une fois, l'Europe semble plus évoluée que les États-Unis. Elle est à l'aise, Chimamanda, habituée aux longues séances de promotion et aux conférences sur le féminisme qui contribuent à sa réputation. Dans la salle, les lecteurs (une majorité de lectrices en fait même si les hommes ne sont pas absents) ont les yeux qui brillent. La lecture de "Americanah" les a mis en appétit. Ils brûlent d'en apprendre plus sur cette jeune femme aussi intelligente que belle, ils sont impatients de partager avec elle leurs sensations, de lui faire part de leurs réactions.

Comme dans tout roman, il y a une part d'autobiographie. Mais Chimamanda Adichie explique qu'elle est très éloignée du personnage d'Ifemelu, même si elle s'est inspirée de certaines de ses propres expériences pour la façonner. Idem pour tous ceux qui composent la myriade de personnages du livre. Les situations décrites sont inspirées d'expériences vécues par des proches, des amis ou des histoires qu'on lui a racontées.

L'assistance veut savoir comment a été accueilli le livre aux Etats-Unis, pays sur lequel elle porte un regard certes bienveillant mais sans concession ; sans chercher à dénoncer mais seulement à montrer et à faire prendre conscience des réalités que l'on a tendance à vouloir minimiser ou carrément ignorer. Chimamanda provoque les rires lorsqu'elle explique qu'elle ne pensait pas que ce livre allait marcher. Tout simplement parce qu'elle a banni toute langue de bois ou volonté d'édulcoration afin d'écrire le livre qu'elle aurait voulu lire, dans un langage direct, sans faux semblants. Alors qu'elle craignait la réaction des américains, très gênés sur le sujet du racisme ou plutôt même de la race, elle a été agréablement surprise en recevant des tonnes de témoignages de la part de lecteurs qui lui disaient leur gratitude pour ce qu'ils avaient appris ou compris grâce à ce livre. Certes, d'autres réactions ont été moins positives. Mais en majorité, l'accueil du public a été très positif. De quoi lui redonner "un peu d'espoir", glisse-t-elle dans un sourire.

Les sujets à aborder sont nombreux et le temps presse, même si elle reste stoïque, pétillante, charmante malgré les heures bien chargées qu'elle vient d'empiler au fil de la journée. Le temps de parler coiffure - thème on ne peut plus central dans le livre - mais également immigration, féminisme, affirmation de soi, compréhension de l'autre. Le livre est si riche que l'heure n'y suffit pas. Dommage notamment que nous n'ayons pas eu le temps d'aborder des questions un peu plus personnelles et notamment de l'interroger sur la situation dans certaines régions du Nigeria.

Il y a dans "Americanah" un très beau passage qui explique comment Ifemelu se plonge dans les livres, les grands auteurs américains pour "apprendre" le pays. Pour le coup, ce passage est totalement autobiographique. Chimamanda explique que c'est en lisant qu'elle a compris l'Amérique. Mais pour cela, il faut être sur place et transformer cette démarche en véritable apprentissage. Pour elle, cela a été la compagnie de James Baldwin, Toni Morrisson, Philip Roth, et bien d'autres encore, trop longs à énumérer. Voilà un bel hommage à la littérature et un exemple parfaitement réussi de son rôle dans la transmission de la culture dans tous les sens du terme.

Magnifique écrivain. Magnifique femme. Magnifique être humain.

Merci aux Éditions Gallimard et au site Babelio pour cette expérience de choix ; c'était la première participation de Gallimard à ce type d'opération avec le site, espérons que l'enthousiasme des lecteurs leur aura donné envie de recommencer.

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