Des mirages plein les poches - Gilles Marchand
26 Octobre 2018 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Nouvelles

Peut-être que ce recueil donnera envie à plus de monde de lire des nouvelles ? Il faut reconnaitre que le format court convient très bien à Gilles Marchand et à son univers qui oscille entre mélancolie, absurde et poésie. Je le dis d'autant plus volontiers que je ne fais pas partie des nombreux lecteurs séduits par ses deux romans précédents. Une bouche sans personne m'avait laissée... embarrassée. Gênée. Sans trop savoir exprimer pourquoi. J'avais néanmoins le sentiment que, dans ce cas précis, le genre de la nouvelle pourrait mieux fonctionner pour moi. Je ne me suis pas trompée.
D'abord, il faut souligner ce beau titre qui traduit parfaitement l'atmosphère du recueil. Ce n'est pas si fréquent. Ensuite, parler de l'unité qui rassemble ces textes pourtant écrits à plusieurs années d'intervalle et, pour la majorité déjà publiés à d'autres occasions. Ce qui donne à l'ensemble une cohérence toute naturelle et fait ressortir une sorte de ligne directrice, celle du ré enchantement. Gilles Marchand parle de la vie avec ce qu'il faut de décalage pour être touchant, drôlement mélancolique ou tristement rigolo.
Au fil des textes, des histoires de vie, défilent des personnages plus ou moins cabossés, mais toujours debout, qui luttent contre l'absurdité de l'existence. Chez Gilles Marchand, certains lieux ont de l'importance, comme les cafés. Les objets ont une âme, il suffit d'un rien pour qu'ils s'animent et assument leur rôle dans chaque histoire. Il est surtout question du pouvoir de l'imagination qui permet de s'inventer des vies ou de combler les trous qui plombent la réalité. C'est tout l'art de l'écrivain que, d'un coup de baguette magique, rhabiller le gris de couleurs tendres, douces, et de faire surgir la petite loupiotte qui scintille au bout du tunnel.
Les mots pour évacuer le mal-être induit par la solitude, le manque d'amour ou une certaine inadaptation face à la violence du monde. Les mots pour dire le besoin de beau, de tendre, d'amour, de reconnaissance dans le regard de l'autre. Mais des mots tout en légèreté, qui même lorsque le propos est grave préfèrent twister le chagrin pour le rendre plus volatil.
Quatorze textes pour s'évader avec élégance, se désaxer avec bienveillance, se décaler avec tendresse.
"Des mirages plein les poches" - Gilles Marchand - Aux forges de Vulcain - 132 pages
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