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Des larmes de crocodile - Mercedes Rosende

1 Mars 2024 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Polars

Très heureuse de retrouver Ursula Lopez, héroïne singulière et décapante découverte en 2022 avec L'autre femme. Du noir bien serré et au féminin, qui m'avait plu par son ton impertinent et élégant, par son écriture fouillée qui fait la part belle à son personnage principal. Toujours sur un fil, Ursula. Lourd bagage familial, beaucoup de rancœur enfermée et ressassée dans un corps toujours affamé qui nous vaut des séances d'orgies de nourriture assez spectaculaires. Une soif de revanche servie par une intelligence redoutable. Personnage truculent par ce qu'elle s'autorise, rare dans la façon dont est montrée sa féminité. Nous l'avions laissée dans un abîme de frustration, vaincue par un grain de sable imprévu dans la mécanique impitoyable déployée pour profiter de l'homonymie qui l'avait placée sur le chemin de la fortune (cf L'autre femme) nous la retrouvons bien décidée à se venger. Et pour l'avoir déjà vue à l’œuvre, on sait de quoi elle est capable.

"Dans un monde ravagé par les guerres, les meurtres en série, les massacres, les tremblements de terre et les génocides, tuer un seul être humain a quelque chose d'artisanal, qui n'atténue pas le crime, non, mais lui ôte une part de son apparence sordide."

Dans ce deuxième volet, l'autrice orchestre un savoureux jeu de pistes et de dupes dans les rues de Montevideo, avec vrais gangsters et fausses victimes où de nouveaux enjeux viennent se greffer aux plus anciens. Il sera question d'un fourgon blindé, d'un sac à main rose, d'un avocat véreux et d'un apprenti truand trop peureux pour être tout à fait malhonnête. Ici, seules les femmes ont quelque chose entre les oreilles, et si Ursula s'autorise tout, la commissaire Leonilda Lima, méprisée par ses collègues et sa hiérarchie pourrait être la seule à toucher la vérité du doigt. Mais il semble qu'il faille attendre la suite pour assister à un éventuel face à face... De quoi saliver à l'avance de ce duel annoncé entre deux intelligences au féminin, alimentées par la nécessité de se libérer de tutelles masculines étouffantes.

Le traitement psychologique est toujours aussi fin, l'humour aussi mordant, un noir plaisir qui se savoure avec délectation.

"Des larmes de crocodile" - Mercedes Rosende - Quidam éditeur - 254 pages (traduit de l'espagnol (Uruguay) par Marianne Millon)   

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Z
Je me prendrai bien ce petit noir bien serré moi qui ne bois que du thé !! Retenu à la bib le premier livre
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N
Chouette, je pense que tu vas adorer Ursula 🙂
A
Du noir au féminin, ma foi, pourquoi pas ... Mais il faut sûrement commencer par le premier, non ?
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N
C'est mieux en effet 🙂
D
Pourquoi pas, lors d'une prochaine envie de polar. Mais je viens juste d'en terminer un !
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N
Chez toi comme chez moi le polar n'est pas dominant... Si tu as envie d'une héroïne qui dépote et de noir qui ne cède rien sur l'écriture 🙂
K
Seul le 1 est à la bibli, j'ai noté! Les deux sont indépendants?
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N
Oui et non. Tu peux lire le premier sans nécessairement être obligé d'attendre une suite, l'histoire se suffit à elle-meme. Par contre le 2ème enchaine sur les bases du premier...