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Le cimetière à Barnes - Gabriel Josipovici

4 Octobre 2025 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

C'est seulement ma deuxième rencontre avec la plume de Gabriel Josipovici après la fascinant Hôtel Andromeda. Il se dégage de ses livres un charme étrange, lancinant, une impression de naviguer dans un espace parallèle pourtant assis sur des faits et des personnages bien concrets. Un charme qui s'inscrit durablement dans la mémoire et fait que j'ai envie de conserver ces mots dans ma bibliothèque et d'y revenir à l'occasion.

Ici, le personnage principal exerce le métier de traducteur littéraire. Il s'est installé au Pays de Galles pour ses vieux jours avec sa seconde épouse mais ses souvenirs le ramènent fréquemment aux années passées à Londres puis à Paris après le décès de sa première femme. A sa passion pour la musique et pour la poésie de Du Bellay. Voilà pour les faits. Le reste est littérature, un flux de conscience qui sonne de plus en plus étrange au fur et à mesure qu'apparaissent des décalages dans le récit et que le lecteur se demande d'où vient au juste la narration qui semble rejouer inlassablement certaines obsessions. Comme le motif de la noyade. Ou une forme de nostalgie de la vie solitaire et parfaitement routinière du narrateur lors de ses années parisiennes. Ou encore l'impossibilité à laquelle il se heurte de traduire certains poèmes de Du Bellay en anglais.

Le plaisir de ma lecture fut justement de me laisser perdre, me laisser glisser dans ces pensées parfois ponctuées d'interventions extérieures qui contribuent au délicieux flou apparent du fil narratif. Nostalgie, finitude et solitude flottent avec une certaine émotion, tout en légèreté. L'égarement est élégant, l'écho surprenant. Après tout, l'homme nous a prévenu assez tôt : "La vie est faite d'une multitude de vies. Des vies alternatives. Certaines sont vécues et d'autres imaginées. C'est là toute l'absurdité des biographies, disait-il, des romans. Ils ne prennent jamais en compte les vies alternatives qui projettent leur ombre sur nous tandis que nous cheminons lentement, comme dans un rêve, de la naissance à la maturité et à la mort".

 Ce roman est dédié à Bernard Hoepffner qui fut le traducteur et l'ami de l'auteur jusqu'à son décès il y a quelques années. Sans doute faut-il y trouver la clé de l'émotion qui peut étreindre le lecteur même peu au fait de leur histoire commune. Se laisser troubler, charmer... y-a-t-il meilleure raison d'ouvrir un livre ?

Le cimetière à Barnes - Gabriel Josipovici - Quidam éditeur - 128 pages (traduit de l'anglais par Vanessa Guignery) 

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I
J'ai lu il y a quelques années "Dans le jardin d'un hôtel", et de mémoire, ce que tu écris au début de ton billet correspond parfaitement à ce que j'ai ressenti à cette lecture... en revanche, je ne sais pas pourquoi je ne suis pas depuis revenues vers cet auteur, car j'avais beaucoup aimé"..
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N
Auteur discret au risque de l'oublier, mais à chaque lecture la plume et les sensations donnent envie de continuer...