Rien que des mots - Adeline Fleury
29 Février 2016 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans
C'est un drôle de roman et, quelques jours après l'avoir terminé, je me demande encore si je l'ai aimé. Le thème (l'amour des livres, le pouvoir des mots...) m'intéresse au plus haut point et l'effort de l'auteure pour construire cette fable d'anticipation et parfaire sa démonstration mérite d'être remarqué. Certes, le trait est parfois appuyé mais c'est le jeu avec la forme choisie. L'auteure entreprend de décaler légèrement l'espace-temps pour nous donner à voir ce que pourrait être un monde où le papier aurait complètement rendu les armes, où la dématérialisation aurait gagné.
Plus de journaux ou de livres à toucher, simplement des mots et des phrases qui défilent derrière un écran. Plus de journalistes mais une information pléthorique, ouverte à tous mais sans hiérarchisation, les livres relégués dans des musées... Ancienne journaliste, Adèle a tout arrêté un peu avant l'effondrement de la presse pour s'occuper de son fils Nino. Les livres, elle les connaît trop bien. Ils l'ont privée de l'attention d'un père écrivain enfermé avec ses mots et ils sont en train d'opérer le même enfermement avec Hugo son mari, écrivain lui aussi. Alors Adèle s'est juré de tenir Nino éloigné des livres et de briser cette malédiction qui enchaîne les membres de sa famille à la chose écrite. C'est oublier un peu vite que les chiens ne font pas des chats...
Avec cette fable, l'auteure montre la difficile avancée de chacun vers une modernité nécessaire mais qui oblige parfois à se couper d'un héritage pourtant utile à la marche du monde. En imaginant que le support ne change rien au contenu, il semble que l'on se trompe... Et j'aurais tendance à être d'accord avec ce constat. Voilà, sur le fond je crois que j'ai aimé ce livre, c'est la forme qui ne m'a pas tout à fait convaincue. Il y a à la fois des trouvailles savoureuses (la crise de nerf généralisée des journalistes, l'éditeur qui opère un braquage de ses propres livres pour les soustraire à l'entreprise de destruction...) et des délires un peu trop gros.
Néanmoins, si je choisis d'en parler ici c'est que le propos est suffisamment intéressant et l'exercice de style sincère pour que ce livre rencontre son public. Ajoutons à cela une lecture fluide et agréable... Pour un premier roman, ce n'est déjà pas si mal.
"Rien que des mots" - Adeline Fleury - Editions François Bourin - 178 pages
En course pour les 68 premières fois édition 2016.
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