Rouge cendre - Julie Manarra
18 Mars 2022 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Polars
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Peut-on vivre normalement lorsque les images de guerre et de violence prédominent ? Journalistes, photographes, ils sont les premiers témoins de scènes indicibles, avec une appréhension du monde qui en est forcément changée. Et impacte leurs relations aux autres. Julie Manarra nous en offre deux spécimens incandescents. Manon et Esteban. Ensemble depuis un coup de foudre survenu lors d'un reportage à Milan autour d'un repenti de la mafia. Pour l'AFP, Manon joue les reporters, Esteban les photographes. Mais pour lui, c'est une couverture. Car Esteban est également membre des services secrets, engagé sur les terrains de guerre, souvent au Moyen Orient sur les traces d'Isis alors que les cendres des attentats qui ont dévasté Paris sont encore fumantes. La passion qui les unit est aussi brûlante que douloureuse, résultante d'une conscience aiguë des dangers qui les entourent. Alors qu'Esteban part pour une très longue mission, Manon décide de prendre du recul, de laisser le bruit et la fureur de côté pour un temps. Elle prend le chemin des Balkans, destination une cabane isolée dans une forêt des Carpates. Mais peut-on vraiment ignorer le monde à l'heure de la surveillance généralisée ?
J'ai beaucoup aimé le ton de ce roman qui nous ramène à l'actualité - la guerre, les russes, ça vous dit quelque chose ? - parvient à englober son intrigue dans une atmosphère à la fois réaliste et sublimée, tout ceci sans se prendre trop au sérieux en ne négligeant pas le second degré comme en témoigne ce dialogue : "- Dan ! On n'est pas dans un James Bond / Il la toisa / - Non. Dans un John Le Carré ou un SAS. D'ailleurs je te verrais bien en couverture !". Clin d’œil à cette littérature de genre dont l'autrice a bien assimilé les codes tout en conférant à son texte un ancrage terriblement contemporain par son contexte géopolitique, le questionnement sur les dérives destructrices de l'humanité ou encore l'abus de technologies. Si Esteban est l'archétype de l'espion viril, le personnage de Manon est plus subtil, complexe, inspirant dans son envie d'autrement et son boycott des béquilles technologiques à commencer par le GPS. Quant à l'AFP, je ne voyais pas cet organisme comme un nid d'espions, va falloir que je me renseigne.
Du noir rougeoyant, hautement inflammable. Chaud à tous les niveaux. Et qui finit par laisser penser que la compagnie des loups est plus sécurisante que celle des hommes. Premier roman, joli coup.
"Rouge cendre" - Julie Manarra - Viviane Hamy - 320 pages
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