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L'espion qui aimait les livres - John Le Carré

13 Décembre 2022 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Polars

Il en restait donc un dans un tiroir. Un manuscrit achevé mais non publié, et pas le dernier écrit. Il y a des explications sur cette non-publication en fin d'ouvrage mais à moins de faire parler les morts on ne saura jamais exactement pourquoi John Le Carré n'avait pas remis ce texte à son éditeur. Peu importe, pour dire au revoir à un auteur qu'on a toujours aimé lire rien de tel qu'un petit dernier de derrière les fagots. 

Le titre français (en v.o. c'est Silverview) pourrait être un clin d’œil à la vie de l'auteur lui-même (je ne vous redonne pas sa bio ici, Wikipedia est fait pour ça). Mais il fait également référence au personnage central du roman, Edward, un bibliophile à l'allure surannée qui devient l'un des rares clients de la librairie de Julian, ancien trader de la City. Dans cette station balnéaire peu fréquentée en hiver, Julian fait l'apprentissage de la lenteur en même temps que de son métier et voit dans la compagnie d'Edward une bonne façon de combler ses énormes lacunes en matière de littérature. Pourtant, de nombreux mystères entourent Edward et l'immense demeure qui les abrite lui, sa femme mourante et leur fille qui semble jongler avec de multiples cartes. Quel était le contenu du message qu'elle a porté discrètement à Londres chez un certain Proctor de la part de sa mère et qui semble avoir activé une minutieuse enquête au sein des services secrets britanniques ?

Ce qui frappe dans ce roman c'est un certain désenchantement. Les espions vieillissent et lorsqu'ils se retournent sur leur parcours à l'aune de l'état du monde... il y a de quoi se demander si leurs actions ont servi à quelque chose. Chez Le Carré la campagne anglaise regorge de familles d'espions (plus facile d'être en couple avec quelqu'un du métier, quoi que...) dont les activités semblent tues de façon tacite par un entourage parfaitement au courant. Peut-on être anglais sans être un espion ? Là est la question. Nous sommes bien loin des héros glorieux et infaillibles, ici les hommes ont vu trop de choses pour ne pas en garder de lourdes séquelles. Reste la petite étincelle, l'ultime pirouette de celui qui parvient, malgré tout à garder la main sur la suite de son destin. John Le Carré s'est échappé, mais il nous reste ses livres et toutes les clés à déchiffrer.

"L'espion qui aimait les livres" - John Le Carré - Seuil - 232 pages (traduit de l'anglais par Isabelle Perrin) 

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V
Je n'ai jamais eu envie de retourner vers cet auteur après une expérience malheureuse dont j'ai oublié le titre...
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N
Ah oui, ça peut refroidir et puis tout le monde n'aime pas forcément ce genre.