L'espoir en contrebande - Didier Daeninckx

13 Mars 2014 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Nouvelles

Un titre accrocheur et l'envie de me frotter à des nouvelles de sensibilité moins féminine que celles que j'ai l'habitude de lire (Sylvain Tesson mis à part)... Et me voilà embarquée dans l'univers de Didier Daeninckx avec ce recueil de vingt-six courtes nouvelles (hormis les 70 pages de la première), publié en 2012 et couronné par le Goncourt de la catégorie.

Des textes ancrés dans la réalité, avec une ambiance plutôt noire et mettant en scène des personnages un peu désabusés mais toujours plein de sensibilité (notamment les nouvelles d'inspiration policière). On imagine l'auteur inspiré par la lecture de faits divers dans les journaux et s'emparant d'un entrefilet pour construire une histoire qui, en quelques pages donne à voir les méandres et les aléas de la condition humaine ("Un père Noël sans cervelle" par exemple). Il est à l'aise avec les "vrais gens" même s'il se plaît parfois à tordre la réalité pour la restituer quelque peu différente. Comme lorsqu'il imagine ce qu'il aurait pu advenir d'une France obsédée par le football après une victoire de la coupe du monde en 2006. Drôle et effrayant, peut-être pas si impossible.

La cruauté, la crudité des situations sont souvent contrebalancées par une écriture plutôt légère, parfois poétique même si l'utilisation fréquente de la première personne ancre d'emblée les récits dans une réalité inévitable. "Si l'enfance est le centre de la vie, la jeunesse est la première de ses banlieues" par exemple, est le début d'une nouvelle qui, à travers les portraits de jeunes banlieusards s'interroge sur le rêve de l'égalité. "Dès notre première rencontre, j'avais choisi l'Ourcq comme paradis" est l'entame d'un texte dédié à Willy Ronis, "La péniche aux enfants" au joli parfum nostalgique.

Un recueil très plaisant, qui fait voyager son lecteur dans le temps autant que géographiquement, un léger sourire narquois aux lèvres.

"L'espoir en contrebande" - Didier Daeninckx - Folio - 287 pages

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