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Une si lente agonie - Elizabeth George
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Lorsque j'ai découvert Elizabeth George au mitan des années 90, je me suis très vite retrouvée accro aux enquêtes de Thomas Lynley et Barbara Havers. Pour le duo improbable qu'ils forment à Scotland Yard autant que pour les intrigues bien ficelées de l'autrice, la plus anglaise des américaines qui prend plaisir à nous faire visiter les différentes régions du pays et à nous immerger dans des contextes toujours très fouillés. J'ai d'abord englouti (aujourd'hui on dit binger) les volumes disponibles en poche avant de devoir me résigner à attendre les nouvelles parutions, tous les trois ans en principe.
Et nous voici au 22ème épisode de la série ce qui ne me rajeunit pas (je vieillis bien plus vite que les personnages, j'ai peur de mourir avant eux). Elizabeth George propose ici une exploration de la complexité des relations de couple (vaste sujet) à l'aide de plusieurs personnages directement concernés par le meurtre violent de Michael Lobb dans un village isolé de Cornouailles. L'homme travaillait l'étain extrait de son terrain convoité par une entreprise minière en quête de lithium. Autour de lui : une très jeune épouse, une ex femme moins jeune et deux enfants adultes encore très fâchés, un frère volage et des employés vers lesquels se tournent rapidement les soupçons de la police locale.
Mais l'autrice n'a pas choisi la région sans arrière pensée. C'est ici que se trouve le domaine familial des Lynley, ici qu'a vécu Daidre Trahair. Là que s'est jouée l'intrigue du 15ème épisode Le Rouge du péché, moment clé de la rencontre entre Linley et Daidre après le drame dont je ne me suis toujours pas remise. Autant dire que ce n'est pas un hasard si tout ce petit monde se retrouve dans les parages auprès d'une inspectrice de la police locale qu'ils connaissent bien. Plutôt un excellent prétexte pour creuser la difficulté du lien entre Lynley et Daidre en éclairant le lourd passé familial de cette dernière ; en parallèle, l'enquête avance et dévoile des zones de plus en plus sombres dans la relation de couple du défunt. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : rancœurs, mensonges, trahisons, cupidité... aucun des couples scrutés par la grande ordonnatrice du chaos n'est vraiment épargné. Vive la famille !
Outre tous les ingrédients qui font le sel de cette série (la délocalisation dans le manoir des Lynley donne lieu à des scènes savoureuses entre Thomas et Barbara), j'ai beaucoup aimé trouver cette cohérence autour du thème central qui permet d'impliquer chaque protagoniste même en dehors de l'enquête et d’œuvrer ainsi à expliciter ce qui était jusque là incompréhensible dans l'attitude de Daidre. Quant à Barbara Havers, bien présente mais toujours pas en couple, pas sûr que ces exemples lui ouvrent l'appétit.
A suivre donc, le plus vite possible s'il vous plaît, chère Elizabeth. (P.... trois ans !)
"Une si lente agonie" - Elizabeth George - Presses de la cité - 506 pages (traduit de l'anglais (EU) par Nathalie Serval)
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