Maman a tort - Michel Bussi
Quand on ouvre un nouveau Michel Bussi, on se demande si ça va encore marcher. S'il va une fois de plus réussir à nous scotcher à notre fauteuil pendant de longues heures, impatients de comprendre, de connaître le fin mot de l'histoire. Surtout que, si on a lu le sublime "Nymphéas noirs" et le machiavélique "Un avion sans elle", on se méfie un peu du bonhomme, on essaie de repérer les indices, on se demande quel retournement il va encore nous inventer. Avec "Maman a tort", c'est encore une fois réussi. Il n'y a pas les effets très surprenants des deux précédemment cités mais l'intrigue est suffisamment bien bâtie pour entraîner le lecteur dans un bon labyrinthe de questionnements.
Bien sûr, on ne lit pas Michel Bussi pour son style. Ce qui intéresse chez cet écrivain, c'est son habileté à tricoter des histoires et à les distiller ensuite avec le bon dosage de suspense et d'informations pour le lecteur. On lui sait gré de camper des personnages auxquels on peut facilement s'identifier, d'éviter les bains de sang et autres meurtres en série autant que les clichés. Pas besoin de ce genre d'effets spéciaux ici non plus. Ce petit garçon de trois ans et demi, Malone, qui raconte au psychologue scolaire que sa maman n'est pas sa vraie maman, ce pourrait être n'importe quel petit garçon que vous croisez tous les jours.
Lorsque Vasile Dragonman, le psychologue en question contacte la commandante de police Marianne Augresse (oui, je sais, il y a quand même des noms bizarres) pour lui faire part des déclarations de l'enfant, difficile de le prendre au sérieux. Après tout, les enfants inventent de ces choses... Et puis, il a beau être envoyé par son amie Angélique, Marianne a d'autres chats à fouetter. Cela fait des mois que les auteurs d'un important casse à Deauville les narguent, elle et son équipe planqués dans Le Havre avec leur butin de plusieurs millions d'euro. Alors les élucubrations d'un gosse... Sauf que le psychologue est persévérant et persuasif. Non dénué de charme en plus ce qui intéresse au plus haut point cette célibataire attachante, proche de la quarantaine et tourmentée par les signaux que lui envoie son horloge biologique. Bref, Marianne accepte d'enquêter sans imaginer à quel point les deux affaires sont liées...
On apprend ainsi que le cerveau d'un enfant est une telle éponge que les nouveaux souvenirs remplacent les anciens au point d'oublier très facilement ceux de ses trois premières années s'ils ne sont pas stimulés oralement ou visuellement. On explore toutes les facettes psychologiques du désir d'enfant et de la maternité, de celles qui peuvent conduire à tous les extrêmes et susciter toutes les indulgences. Qui manipule qui ? Quand on croit enfin avoir compris, un ultime retournement vient définitivement nous convaincre qu'il est inutile d'essayer de jouer au plus malin avec Michel Bussi.
Moins de surprises mais plus de fond, en tout cas, une psychologie des personnages plus fouillée que dans "Un avion sans elle". Et ça, ce n'est pas pour me déplaire.
"Maman a tort" - Michel Bussi - Presses de la Cité - 509 pages