Ravel - Jean Echenoz
22 Février 2014 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans
Le style, le vrai ! Dans "Ravel", publié six ans avant, on trouve les prémices de l'écriture quasi parfaite de "14", le livre qui m'a fait connaître l'auteur et donné envie d'explorer son œuvre plus avant. Un vrai bonheur de se laisser porter par la prose légère et précise de Jean Echenoz, comme une évidence.
Même épaisseur, cent-vingt pages, un format qui lui convient à merveille. Cent-vingt pages sur les traces de Maurice Ravel, ou plutôt de sa dernière décennie. Cent-vingt pages pour faire revivre l'ambiance de la période de l'entre-deux guerres, si riche sur le plan artistique, si propice à l'innovation et à l'exploration. Le lecteur entre dans l'intimité de Ravel de la meilleure façon qui soit, par l'intermédiaire d'un incipit après lequel il est impossible de lâcher le livre : "On s'en veut quelquefois de sortir de son bain". Le célèbre compositeur est en plein préparatifs pour un voyage de plusieurs mois. "Il part en direction de la gare maritime du Havre afin de se rendre en Amérique du Nord. C'est la première fois qu'il y va, ce sera la dernière. Il lui reste aujourd'hui, pile, dix ans à vivre".
A travers ce périple, de la traversée sur le paquebot France aux multiples déplacements du Nord au Sud et d'Est en Ouest de ce vaste terrain qu'est l'Amérique, et d'autres voyages encore, en Angleterre, en Autriche, émerge le portrait d'un artiste reconnu, adulé, applaudi bien au-delà de son propre pays. Un peu capricieux, sûr de son art, un peu précieux (pas moins de vingt-cinq vêtements de nuit dans sa malle où les habits sont rangés par gammes de couleur), célibataire endurci mais entouré d'une petite cour d'admirateurs et d'amis. Le passage sur la naissance du fameux Boléro est incroyable. "Voilà : il est en train de composer quelque chose qui relève du travail à la chaîne", inspiré par sa contemplation admirative des bâtiments industriels. "Phrase ressassée, chose sans espoir et dont on ne peut rien attendre, voilà au moins, dit-il, un morceau que les orchestres du dimanche n'auront pas le front d'inscrire à leur programme".
Rien de ressassé par contre dans la prose de Jean Echenoz, une écriture limpide, une petite musique rythmée au son de laquelle il est si facile de se laisser bercer. Une petite friandise à déguster lentement.
"Ravel" - Jean Echenoz - Les éditions de Minuit - 124 pages
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