Daniel Avner a disparu - Elena Costa
7 Décembre 2015 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans
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Quel curieux roman... Qui plonge le lecteur dans une sourde sensation de malaise, à la fois par rapport à l'histoire elle-même mais également par rapport aux motivations, aux influences qui ont pu pousser une si jeune femme à s'emparer d'un thème aussi terrible.
"Je me demandais si j'avais le droit de tenir le coup, si c'était permis à une personne qui survivait à toute sa famille". La culpabilité du survivant est déjà suffisamment lourde à porter. Lorsqu'elle est entretenue par un grand-père qui fait supporter à son petit-fils tout le poids des absents, cela devient invivable. Et c'est ce qui est arrivé à Daniel Avner, En 1942, il a échappé à la rafle qui a fait disparaître ses parents, sa petite sœur et sa grand-mère. Tout comme son grand-père qui était justement allé le chercher chez l'ami où il s'amusait si bien qu'il en avait oublié l'heure de rentrer. Ensuite, le huis-clos entre Daniel et Simon Avner s'est transformé en enfer pour le petit garçon, le grand-père se défoulant physiquement et psychologiquement sur lui, l'obligeant notamment à se rendre chaque jour à partir de 1945 devant l'hôtel Lutetia où arrivaient des convois de survivants des camps pour y guetter les siens, en vain.
Pour Daniel Avner, cette absence devient une obsession. Sa culpabilité le pousse à s'infliger des privations afin de s'approcher au plus près des conditions de détention de ceux avec lesquels il aurait dû partir. Après la mort de son grand-père, dans les années 60, ses pas le mènent encore chaque jour au carrefour du boulevard Raspail et de la rue de Sèvres. C'est là qu'il croise un jour Dora, qui deviendra sa femme et la mère de son fils. Mais peut-on vivre normalement après ça ?
Elena Costa entraîne son lecteur dans une spirale d'angoisse et de malaise, par l'intermédiaire d'une écriture obsédante qui recrée parfaitement l'obsession que l'on imagine meurtrir les neurones du héros. Elle parvient à rendre l'absence présente. L'absence qui est d'ailleurs le personnage principal de ce livre et le fil conducteur de la vie de Daniel Avner. Absent à lui-même et incapable d'assumer une présence auprès de son fils. Les deux ne pouvant se rejoindre que dans l'absence.
Pour un premier roman, c'est assez intriguant. Difficile, oppressant. Disons qu'il vaut mieux être en forme et avoir bon moral avant d'entamer cette lecture heureusement plutôt courte. Voilà en tout cas une primo-romancière qui n'a pas choisi la facilité et qui mérite d'être découverte. Je suis curieuse de connaître le thème de son prochain livre...
"Daniel Avner a disparu" - Elena Costa - Gallimard - 135 pages
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35/68 - Alors que l'aventure des "68 premières fois" se termine, il reste quelques premiers romans à chroniquer... avant que janvier n'apporte son nouveau lot de primo-romanciers.
Voir aussi l'avis d'Anita.
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