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Falaise des fous - Patrick Grainville

3 Mars 2018 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Ou comment un livre qui possède tous les ingrédients pour me plaire se révèle finalement plutôt ennuyeux et décevant… L’époque (dernière moitié du 19ème siècle et début du 20ème), le thème (les peintres, l’art, la passion…), les lieux (Etretat, la Normandie, les paysages immortalisés par Monet, Courbet, Pissaro…), tout conspirait à me faire acheter ce livre, y compris la magnifique illustration choisie pour sa couverture (Terrasse à Sainte-Adresse de Claude Monet, toile peinte en 1867). Et puis ça commençait bien avec ce superbe incipit : « Jadis, j’ai embarqué sur la mer un jeune homme qui devint éternel ».

Alors, que s’est-il passé ? Rien de désagréable à vrai dire. L’auteur met en scène un narrateur, Charles, qui entreprend de raconter sa vie, une vie passée en Normandie, notamment à Etretat. Revenu blessé d’Algérie dans les années 1860, il accepte la proposition de son oncle de s’occuper de ses différentes propriétés normandes et mène une vie assez oisive, ne se lassant de contempler les magnifiques paysages offerts par les falaises, y compris depuis la mer sur laquelle il navigue avec son petit voilier. Il est bientôt fasciné par les peintres et les personnalités qui se succèdent dans la région, Monet, Courbet, Boudin mais également Maupassant, Flaubert et Hugo. La liaison qu’il entretient avec Mathilde, une femme plus âgée que lui, mariée et habituée au grand monde parisien contribue à forger sa culture et à lui ouvrir des horizons artistiques. Plus tard, ce sera Anna, la belle-fille de Mathilde qui prendra le relai. En 1927, au crépuscule de sa vie, Charles a vécu les belles années de transformation dans tous les domaines artistiques, architecturaux, industriels et économiques mais également deux guerres meurtrières alors qu’une autre se profile mais qu’on n’en connait pas encore les monstruosités à venir.

Je crois que le manque d’intrigue est venu à bout de mon intérêt premier. J’ai commencé par être agacée par cette concentration de célébrités, cette impression de « name-dropping » qui laisserait penser qu’il n’y avait pas d’autres promeneurs à Etretat que des peintres et des écrivains. Un agacement que j’avais déjà ressenti avec le livre de Gaëlle Nohant, Légende d’un dormeur éveillé mais qui s’était dans ce cas rapidement dissipé parce que l’intrigue avait vite pris le dessus, portée par la magnifique figure de Robert Desnos. Là, ça n’a pas été le cas. Je n’ai pas réussi à m’intéresser au personnage de Charles ni à sa façon de traverser la période. Surtout, pour avoir beaucoup lu à la fois sur la période, sur les peintres (qui sont des personnages de roman que j’affectionne particulièrement) et ceux qui les entourent, j’ai eu l’impression à chaque moment de ne rien apprendre et surtout d’avoir lu des choses bien meilleures sur chacun des grands hommes dont il est question. Je pense, entre autres, au merveilleux livre de Michel Bernard, Deux remords de Claude Monet ou encore à celui de Judith Perrignon, Victor Hugo vient de mourir qui possèdent une force bien plus convaincante. Enfin, le style quelque peu désuet ne contribue pas à dynamiser la lecture.

Ce fut donc une lecture décevante malgré la qualité littéraire certaine de ce texte qui pour moi manque surtout de modernité, ceci expliquant peut-être cela.

"Falaise des fous" - Patrick Grainville - Seuil - 650 pages

Une lecture partagée avec Delphine, avec laquelle j'ai en commun ce goût pour le 19ème siècle et ses grands hommes.

 

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F
Très déçu<br /> Décousu, trop d'aller/retour dans l'espace, trop d'aller/retour dans le temps, trop de citations, trop d'Histoire, l'auteur a l'air d'avoir tout compilé sur cette époque et sur la peinture de cette période, et avoir créé une histoire lui permettant de tout régurgiter. <br /> Artificiel
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N
Oui une impression de trop plein, c'est sûr !
K
Delphine avait l'air déçue aussi... Ma PAL descend...
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N
Ah et puis là elle descend de 10 bons centimètres ;-)
K
Le thème m'intéressait mais le côté pavé beaucoup moins. Je note plutôt (enfin, ils sont déjà notés) les deux autres que tu cites.
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N
Oh oui, si tu ne les a pas encore lus alors, oui, je ne peux que t'inviter à le faire :-)
M
Même impression: déçue malgré que tous les ingrédients étaient présents! Tant pis, mais moi je n'ai pas pu le finir!
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N
Bon, ça arrive donc ; je vois que d'autres au contraire aiment beaucoup donc cela doit aussi dépendre de chaque parcours personnel de lecture :-)
M
Et bien je l'avais noté dans ma longue liste mais il attendra alors que je n'ai plus rien à lire (ce qui risque de ne jamais arriver). Pourtant comme cela faisait longtemps que je n'avais rien lu de Patrick Grainville je me serais bien laissée tenter ! merci pour ton ressenti
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N
De mon côté c'était mon premier livre de Patrick Grainville, alors pas forcément le bon pour faire connaissance malgré tout l'intérêt du sujet...
D
Ouh, je crois que tu es encore plus sévère que moi !<br /> Et, puisque tu mentionnes le roman de Judith Perrignon, même si le sujet n'en est pas le même, je suis d'accord avec toi pour dire qu'il est excellent et qu'il en dit beaucoup plus sur la force d'attraction et l'influence qu'avaient alors les écrivains et les artistes. <br /> C'est vrai qu'ici le personnage de Charles, d'une platitude absolue (tiens, ça me rappelle un autre héros de la littérature du XIXe ;-), n'aide pas à soutenir l'attention du lecteur... Dommage !
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N
Sévérité à la hauteur de ma déception, moi je m'attendais à embarquer pour des heures de plaisir, alors... Bon ceci dit, si tu n'as pas lu Deux remords de Claude Monet, fonce (il est sorti en poche tout fraîchement à La table ronde, très joli...)