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Les Nuits blanches - Fédor Dostoïevski

20 Mars 2023 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Parmi mes lacunes les plus prégnantes il y a les grands classiques de la littérature russe. Pas de Tolstoï, ni de Dostoïevski. Je ne connais de leurs œuvres que des adaptations cinématographiques, autant dire rien. Il va être grand temps de combler ces lacunes, mais face aux proportions très avantageuses de la plupart des titres, ce mince roman m'est apparu comme un échantillon qui devait avoir pour mission de me mettre en appétit...

Les Nuits blanches est un roman de jeunesse, écrit par un Dostoïevski de 25 ans qui vient de renoncer à la carrière militaire et surtout n'a pas encore été emprisonné ni connu le bagne après avoir été miraculeusement gracié au pied du poteau d'exécution. J'imagine que la couleur de ses écrits post expérience sibérienne (tiens, tiens, décidément on y revient toujours dans ce pays - cf. Varlam) est tout autre et je me déciderai un jour à m'y frotter. Pour l'heure, le jeune écrivain compose un roman sentimental autour de la possibilité de l'amour, de la fragilité de l'instant et de l'inexorabilité du temps qui passe. Un roman qui enveloppe la profondeur d'un voile de légèreté pour mieux laisser éclore les émotions qui traversent le narrateur. Dans une Saint-Pétersbourg désertée par la majorité de ses habitants partis prendre l'air à la campagne, un jeune homme solitaire, un "rêveur" comme il aime à se définir arpente les rues et les rives du fleuve et rencontre au début de la nuit une jeune fille qui essuie discrètement une larme. Ils engagent la conversation, se confient au cours de deux autres soirées au même endroit et peu à peu affleure l'histoire de Nastienka, rêveuse elle aussi et surtout dans l'attente d'un événement qui tarde à se concrétiser.

Autour de cette rencontre de deux solitudes, l'auteur fait la part belle au pouvoir de l'imaginaire dans lequel se réfugient chacun à sa manière les deux protagonistes. Lui parle aux maisons de la ville lors de ses promenades, perçoit l'âme des objets tandis qu'elle s'invente les vies aventureuses dont elle est privée. En filigrane plane la conscience de l'essentiel, l'importance du moment présent et de la place laissée à "la déesse Fantaisie" qui agrémente le quotidien des rêveurs. Et donne matière aux écrivains.

"Les Nuits blanches" - Fédor Dostoïevski - Folio 2€ - 102 pages (traduit du russe par Pierre Pascal, révisé par Jean-Louis Chavarot)

Et une nouvelle contribution au Mois de l'Europe de l'Est chez Eva et Patrice.

 

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D
J'ai lu Dostoïevski quand j'étais adolescente. Evidemment, j'étais un peu jeune pour l'apprécier à sa juste valeur. Je ne me souviens plus par quel roman j'ai commencé (peut-être "Les Frères Karamazov") mais je sais que j'ai récidivé.
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N
C'est sûr qu'on ne réagit pas à cette littérature de la même façon à 17 ans et à 40 ans...
P
Merci beaucoup pour ta participation ! J'ai lu Tolstoï il y a pas mal de temps et je te conseille vivement. Eva m'a offert "Les frères Karamazov" mais le volume du livre m'impressionne et j'en recule toujours la lecture. Si tu veux continuer à découvrir Dostoïevski, je te conseille Les pauvres gens qu'Eva avait chroniqué et beaucoup aimé. On reste dans des dimensions acceptables (250 pages) :-) : https://etsionbouquinait.com/2019/03/30/fedor-dostoievski-les-pauvres-gens/
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N
Ah merci pour le conseil, je vais regarder ça. C'est vrai que les proportions font un peu peur chez Dostoïevski...
I
Je n'ai pas du tout accroché à ce texte, en raison d'une sorte d'incompatibilité avec le personnage, dont l’excès de lyrisme m'a agacée... sinon j'adore Dostoïevski !
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N
Ah je peux comprendre... moi ce sont les dialogues qui m'ont un peu saoulée à cause de ça mais globalement j'ai bien aimé tout en gardant à l'esprit que c'est un écrit de jeunesse.
K
Je n'ai pas encore réussi à lire Dostoïevski, bien qu'un ou deux exemplaires jaunis se trouvent dans mes étagères. Par contre, j'ai lu (et peut-être même relu) Anna Karénine.
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N
J'aimerais m'attaquer à Crime et châtiment... On verra si mon destin va dans le bon sens ;-)
K
Autant j'ai lu Tolstoi, et d'autres plus courts, autant avec Dosto c'est le flop. Pourtant j'en ai lu, y compris la moitié de l'idiot. Poursuis tes découvertes!
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N
J'ai entendu pas mal de monde faire part d'une difficulté à lire Dostoïevski et préférer Tolstoï... j'aimerais avoir l'occasion un jour de prendre part à la discussion (ce petit échantillon n'est pas suffisant pour s'exprimer sur le sujet). Je vais poursuivre, oui.