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Jusqu'au prodige - Fanny Wallendorf

29 Mai 2023 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Je me souviens encore très bien de ma lecture du premier roman de Fanny Wallendorf, L'Appel dans lequel elle se glissait dans l'esprit et le corps d'un personnage ressemblant étrangement à Dick Fosbury. S'il est aussi question de course ici, les conditions et le contexte sont bien différents. Pas de piste d'athlétisme ni de clameurs, mais la densité sombre et sauvage d'une forêt. Pas de concentration absolue ni d'envol, mais la fuite éperdue et la peur. Néanmoins, la force des images est la même, tout comme la précision de la plume qui creuse au plus près des sensations. J'étais le Richard des records, j'ai été la Thérèse flamboyante, sauvage et courageuse portée par un formidable espoir.

Thérèse est prisonnière d'un homme qui se fait appeler le Chasseur ; par un concours de circonstances elle a été séparée de son frère lors de la débâcle de 1940 et est retenue dans un hameau isolé, obligée de s'occuper des animaux que l'homme capture. Un jour, l'opportunité de fuir se présente, elle s'élance avec en tête le nom de l'endroit où son frère et elle devaient se rejoindre. Mais quatre ans ont passé, des années de guerre et de destruction. La voici seule dans une nature parfois hostile et à la merci de rencontres dangereuses, animée d'une foi et d'un espoir qui décuplent ses forces. Elle court, se fond dans le décor, déjoue les pièges et tente de garder à l'esprit la beauté du lien qui l'unit à Jean, ce frère adoré dont elle se remémore les mots, les gestes, le regard et les promesses. Elle court et laisse la poésie l'accompagner, adoucir les heures, nourrir son souffle. Jean sera-t-il au rendez-vous ?

Impossible de ne pas être happée par la course de cette jeune fille tandis qu'autour on devine l'hostilité, la violence, les pertes et les destructions. La prose de Fanny Wallendorf est d'une puissance nimbée de poésie et d'une pointe d'onirisme, pour guider son récit dans les liens qui se tissent entre Thérèse et son environnement. Attaché aux pensées de la jeune fille, le lecteur se fond dans le décor sylvestre d'où surgissent des alliés parmi la faune. Et succombe à l'envoûtement de ce beau texte aux allures de conte, terrassé par une foule de sensations et constamment en équilibre entre deux mondes. Merveilleux.

"Jusqu'au prodige" - Fanny Wallendorf - Finitude - 104 pages

 

 

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D
Je dirais qu'il n'est peut-être pas pour moi malgré tout le bien que tu en dis...
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N
C'est fort probable, même si une bonne surprise n'est jamais exclue...
A
Conte, poésie, onirisme .... Voilà qui me freine un peu mais envoutement, merveilleux quand même ! Je note quand même pour le feuilleter avant de me lancer.
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N
Oui, le mieux est de goûter une page ou deux pour voir si la plume t'attrape :-)