Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
motspourmots.fr

Le romantique - William Boyd

10 Juillet 2024 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Ceux qui connaissent William Boyd savent son goût du questionnement de la vérité, des jeux qui naviguent entre fausse biographie et vraie fiction. Sa fascination pour l'impossibilité de saisir la vérité historique et intime d'un être, a fortiori quand sa vie démarre par un mensonge comme c'est le cas ici. Les intentions de Boyd sont clairement affichées dans son malicieux préambule assis sur cette citation "Toute biographie est une œuvre de fiction mais une fiction qui doit coller aux faits documentés" dont il s'autorise à dynamiter la seconde partie, privilège extrême du romancier que l'on aime.

Cashel Greville Ross (1799-1882) est un personnage boydien jusqu'au bout des ongles, curieux, aventureux, explorateur, férocement attaché à sa liberté, les yeux écarquillés sur le monde et un peu trop mené par son cœur. D'où le titre du livre qui souligne plus le caractère du héros que la place occupée par ses histoires d'amour. C'est l'instinct qui préside à ses décisions, la première étant son engagement dans l'armée britannique à 16 ans en réaction aux révélations sur ses origines, événement qui marquera son comportement et le fera s'interroger sans cesse sur ce qui le constitue. Blessé à Waterloo, cette première incursion hors du Royaume-Uni imprime définitivement en lui le goût d'ailleurs ; on le suivra au gré de ses succès et de ses échecs entre Londres, Madras aux Indes, Pise, Banbury en Amérique, Zanzibar, Trieste ou Venise ; sur les routes, dans les palais italiens aux côtés de Lord Byron ou du couple Shelley, en bateau, à pied ou découvrant les bienfaits du chemin de fer. Il sera écrivain, fermier, explorateur, conférencier, attaché consulaire, toujours guidé par une idée, une envie d'accomplissement et le souvenir de Raffaella, belle comtesse italienne dont il cultivera le regret pendant des décennies. 

Avec Cashel, William Boyd nous emporte dans l'exploration d'un 19ème siècle où règne le mouvement sur le terrain géopolitique, celui des innovations technologiques, des découvertes et même de la littérature. Propice aux aventuriers de tous bords. C'est foisonnant, porté par un vrai souffle romanesque et l'envie de dynamiter les frontières. Il règne dans ces pages un vent de liberté revigorant, alimenté par le talent de conteur toujours intact de l'auteur dont je ne me lasse pas.

"Le romantique" - William Boyd - Points (Seuil) - 560 pages (traduit de l'anglais par Isabelle Perrin)     

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Je ne garde qu'un très très vague souvenir de "Un anglais sous les tropiques" ... Ce titre semble très romanesque ! J'aime bien l'idée de "dynamiter les frontières" ! Je garde ton conseil dans un coin de mes carnets.
Répondre
N
Un de ses premiers livres, ça remonte en effet... Tu as l'embarras du choix si tu envisages de retenter l'expérience... Je crois que mon préféré est "À livre ouvert", exercice de haute voltige romanesque 🙂
T
Bonjour<br /> Un mot (pour mots?)... pour dire qu'avec ses plus de 500 pages, ce billet pourrait tout à fait se faire référencer dans le challenge "Les pavés de l'été" organisé par Sibylline!<br /> Si le coeur vous en dit, rajout du lien et du logo, un commentaire pour l'en prévenir sous son billet récapitulatif, et hop ;-)<br /> Intéressant en tout cas, ce personnage qui traverse le XIXe siècle avec un regard anglais... J'ignore tout de l'auteur et de son oeuvre pour ma part. Mais si jamais il a aussi rédigé un bouquin faisant plus de 650 pages et que vous le chroniquez aussi, n'hésitez pas à me le faire savoir ;-)<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Répondre
N
Effectivement je risque de lire quelques pavés cet été... mais aussi au cours de l'année :-) En attendant je ne peux que vous conseiller la compagnie de William Boyd quelque soit le nombre de pages.