Les vérités parallèles - Marie Mangez
17 Octobre 2024 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans
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"Peut-on être un imposteur sincère ?" A fortiori quand on exerce la profession de journaliste, censé ne rapporter que la réalité de faits vérifiables, même lorsque des qualités narratives exceptionnelles font lire ses articles comme des romans ? Passionnante question.
Arnaud Daguerre a appris très jeune à enjoliver la réalité pour esquiver les ennuis, mais surtout pour pallier les effets d'une timidité parfois paralysante. En s'inventant des doubles à l'image de ses héros de plume, des doubles autrement plus téméraires. Nourri à la lecture des grands reportages de presse - drôle de hobby pour un enfant des années 90, il a un jour enfin l'opportunité d'intégrer la rédaction de ses rêves, celle du Miroir, hebdomadaire réputé pour le sérieux et la qualité de ses investigations. L'ascension du jeune homme est fulgurante à la grande fierté de son ambitieuse épouse. Pourtant, une crainte est tapie au creux du ventre d'Arnaud Daguerre : qu'un jour le monde découvre ses petits arrangements avec la réalité et le démasque, lui, l'imposteur.
Avec cette histoire qui évite tout excès, Marie Mangez explore les limites des récits que l'on soigne pour plaire à des lecteurs toujours plus friands d'émotions ou d'identification. Arnaud Daguerre ne cherche pas à tromper, ses reportages s'appuient sur une riche documentation, des recherches fouillées, mais il ne met pas les pieds dans les lieux qu'il décrit, invente ou enjolive des personnages... et confond presque le métier de journaliste avec celui de romancier. Finement, l'autrice règle aussi la focale sur la façon dont chacun fabrique ses propres fictions dans la vie quotidienne, à commencer par Adèle la femme d'Arnaud. Comme un antidote à une réalité moins rutilante qu'on ne le voudrait. De quoi le succès des reportages d'Arnaud est-il le reflet ?
Plus que jamais dans notre environnement, tout est récit, mise en scène, et plus que jamais il convient de s'interroger sur les vérités parallèles. Si Arnaud Daguerre suscite la sympathie chez le lecteur, ce sentiment peut aussi être dérangeant et plus intéressant que si le héros avait été un cynique escroc. C'est sans doute ce qui contribue à l'empreinte laissée par ce roman habile et intranquille.
"Les vérités parallèles" - Marie Mangez - Finitude - 256 pages
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