Hôtel Roma - Pierre Adrian
2 Décembre 2024 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Récits
J'avais déjà admiré les qualités d'écriture de Pierre Adrian dans son précédent roman Que reviennent ceux qui sont loin dont le titre est d'ailleurs extrait d'un texte de Pavese ; pas de hasard puisque l'auteur explique ici comment Pavese est devenu un compagnon de vie à l'horizon de ses trente ans. Ce qu'il cherche sans doute aussi avec cette exploration c'est à élucider la façon dont un homme hanté par le suicide depuis toujours et qui finit par passer à l'acte à 37 ans dans une chambre de l'hôtel Roma face à la gare de Turin peut aussi être celui qui apprend à tant d'autres à vivre. Passionnant cheminement, autant géographique sur les traces de Pavese à Turin, dans les collines qui surplombent la ville, en Calabre, à Rome, lieux témoins de son passage et de ses humeurs, que philosophique puisque l'on n'évite pas les questionnements sur le sens de la vie qui trouvent forcément écho chez le lecteur.
On sent parfaitement l'osmose entre Pierre Adrian et Pavese mais cela ouvre un horizon beaucoup plus large lorsque intervient la question de la liberté ultime d'un homme, celle d'en finir avec la vie. Pierre Adrian use avec subtilité des extraits de l’œuvre de Pavese et donne follement envie de la découvrir pour ceux qui comme moi ne savent pas grand chose de celui qui, bien qu'un peu délaissé dans son pays est considéré comme l'un des plus grands auteurs italiens. L'auteur nous offre ici une promenade amoureuse, en compagnie d'une jeune femme brune, idéal contrepoint aux mésaventures de Pavese avec les femmes, il nous enveloppe d'une atmosphère rêveusement mélancolique, nous attache à ses mots et à ceux des écrivains compagnons qui l'inspirent et qu'il fait renaître le temps d'un voyage étrangement beau et délicieusement réconfortant.
"Il ne faut pas croire que les livres désespérés nous rendent forcément tristes. Thomas Mann dit même que les livres écrits contre la vie donnent envie de la vivre. Pavese ne célébra ni la solitude ni le désespoir. Il les supportait sans complaisance. Et comme on ne devinera jamais la douleur endurée par le cycliste qui gravit la montagne - elle ne se communique pas -, on ne compatit pas tout à fait aux malheurs de ceux qui écrivent. C'est la raison pour laquelle ceux qui souffrent finissent seuls ; la souffrance est un sentiment qui se lit mais ne se partage pas".
"Hôtel Roma" - Pierre Adrian - Gallimard - 190 pages
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