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Trois saisons d'orage - Cécile Coulon

1 Février 2017 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

« Aux Fontaines, on croyait toujours que le danger venait de l’extérieur, qu’on aurait le temps de l’appréhender, personne ne posait la question des tremblements intérieurs, des mouvements sous la surface, le soir, quand les cloches se taisaient. »

Chère Cécile Coulon,

Si j’ai choisi cette phrase c’est parce qu’elle illustre à elle seule tout le propos si dense et complexe de votre livre. Un livre que j’attendais avec impatience après Le cœur du Pélican qui m’a donné goût à votre plume déjà si experte. Un livre dont j’ai savouré quelque temps l’idée de le savoir à portée de main avant d’en entamer la lecture qui, je le savais, me jetterait dans une course effrénée, à perdre haleine jusqu’à la rive opposée.  Le cœur du Pélican m’avait scotchée par la violence des sentiments exprimés. Trois saisons d’orage m’a littéralement captivée par ses multiples dimensions.

On le sait désormais, vous êtes une conteuse hors pair. Vous n’hésitez pas à tremper votre plume dans l’encre qui fait la force des contes et légendes, le sel des tragédies antiques (il y a un peu de Phèdre chez Agnès, non ?), la passion des grandes odyssées intimes. Mais ce qui marque cette fois, c’est votre capacité à toucher à l’universel. Les prénoms de vos héros parlent en ce sens. Anthime. Valère. Exhumés de temps plus anciens, ils contribuent à créer un climat intemporel. Et à donner ainsi un relief particulier à votre propos.

Bien sûr on retrouve ici vos thèmes fétiches. L’opposition entre ville et campagne, votre façon de faire corps avec vos personnages qui eux-mêmes font corps avec leur environnement, cette volonté de mettre en garde ceux qui sous-estiment les forces de la nature. La violence des sentiments refoulés, le feu qui couve sous la glace. Ce village des Fontaines sur le site des Trois-Gueules est un personnage à part entière, on sent la puissance qui s’en dégage et unit ses habitants dans un même sentiment d’appartenance. Un endroit que l’on cherche à préserver à tout prix.

Et c’est là que votre livre prend une tout autre dimension, au-delà de la simple histoire si savamment menée fut-elle. Vous nous parlez d’accueil et de rejet. De barrières, de protectionnisme pouvant aller jusqu’à l’autarcie. De forces supérieures qui justifient presque tout aux yeux des habitants du paradis. « Personne n’aimait, sans juger, tous les êtres nés au même endroit, pour cette raison unique. Cela n’avait pas de sens » faites-vous s’émouvoir Valère. Effectivement. Voilà de quoi méditer. Avant d’aller voter allais-je dire.

Allez, je peux vous l’avouer. Vous m’avez bluffée. La puissance des mots, la force des images, le pouvoir d’évocation de cette nature toute puissante, le tempo de l’intrigue, les fêlures des personnages, leurs combats internes, leur nostalgie des lieux qu’ils ne connaissent pas, le feu qui couve et préfigure l’orage… 

Chère Cécile Coulon, vous avez décidément un sacré sens de la dramaturgie ! Surtout n’arrêtez pas, j’aime tellement les histoires que vous me racontez, j’ai déjà hâte de lire la prochaine.

"Trois saisons d'orage" - Cécile Coulon - Viviane Hamy - 266 pages

Il semble que Noukette n'ait pas été insensible non plus.

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