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Le Flambeur de la Caspienne - Jean-Christophe Rufin

2 Juillet 2020 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Polars

Je prends de plus en plus de plaisir à retrouver Aurel et, comme lui, j'ai été ravie de quitter l'Afrique pour faire un petit tour du côté de l'Azerbaïdjan et explorer des contrées qui me sont totalement inconnues. Un périple qui donne presque envie d'aller faire un petit tour à Bakou. En tout cas, pour Aurel Timescu, il y a dans cette région ex-soviétique, des relents d'atmosphère qui ne lui sont pas tout à fait inconnus, lui qui a fui la Roumanie communiste dont il lui reste un accent fort prononcé qui dénote dans la diplomatie française. Cette fois, Aurel a envie de rester et d'honorer son affectation, d'une part parce que la cheffe de la représentation consulaire est une jeune femme fort sympathique qui lui offre un accueil auquel il n'est pas habitué, d'autre part parce que le climat lui convient très bien. Malheureusement, l'ambassadeur ne semble pas ravi de la voir débarquer - il faut dire que sa réputation le précède. Oui mais quelle réputation ? Peut-être celle d'empêcheur de tourner en rond qui l'a vu résoudre quelques affaires criminelles au cours de ses précédentes affectations ? Car il se trouve que la femme de l'ambassadeur est morte dans des circonstances étranges quelques semaines avant l'arrivée d'Aurel. Un accident sur un site très isolé dont le récit trouble Aurel qui se met aussitôt en tête d'enquêter discrètement.

On sent surtout que Jean-Christophe Rufin doit lui aussi retrouver Aurel avec plaisir. Il n'a plus besoin d'en dessiner et rappeler les contours ou de s'attarder sur son histoire personnelle, il peut se consacrer à ses péripéties tout en enrichissant sa personnalité de multiples petits traits qui contribuent à lui donner une réelle consistance et une aura presque poétique. Cet épisode permet une découverte tout à fait intéressante des rouages d'une représentation diplomatique grâce à une nuée de personnages secondaires qui constituent une communauté aussi étonnante que le personnage principal. L'enquête d'Aurel exploite des ramifications jusqu'au Brésil - même s'il faut en passer par la chasse aux insectes - et s'avère vraiment dépaysante tout en montrant les dangers qui peuvent guetter un représentant consulaire face aux emprises de certains hommes d'affaires dont il pourrait déranger les intérêts. La diplomatie est un domaine éminemment complexe et l'écrivain utilise ici sa propre expérience et bien entendu sa connaissance des différentes régions du monde où il a exercé ses mille et une fonctions. Malgré le manque de Tokay - bloqué à la douane - et l'obligation de se rabattre sur un vin blanc de production locale, les déductions d'Aurel gardent le cap, même s'il déchaîne cette fois une passion amoureuse dont on ne l'imaginait sans doute pas pouvoir être l'objet.

Il paraît que nous n'en avons pas fini avec Aurel, et ça, c'est une bonne nouvelle.

"Le flambeur de la Caspienne" - Jean-Christophe Rufin - Flammarion - 322 pages

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G
J'ai celui qui se passe en afrique dans ma PAL audio, faudrait déjà que je commence par celui-là ! En tout cas, tu me remets une couche sur la motivation !
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N
Oui c'est mieux de faire connaissance avec Aurel dans Le suspendu de Conakry et enchaîner ensuite avec Les trois femmes du consul si affinités (les 2 se passent en Afrique). Personnage singulier et attachant.