/image%2F0757919%2F20161202%2Fob_0404d0_illustn-carre-comp-1dec16.jpg)
Dernière nuit à Soho - Fiona Mozley
/image%2F0757919%2F20220821%2Fob_85ebb4_derniere-nuit-a-soho.jpg)
Après le souffle épique d'Elmet, premier roman envoûtant qui a projeté Fiona Mozley sur le devant de la scène via la shortlist du Booker Prize, l'autrice revient dans un style très différent avec une comédie sociale à la fois tendre et décapante. Dans la plus pure tradition britannique. Au cœur de ce récit, le quartier londonien de Soho impacté par la gentrification qui gagne la plupart des grandes villes du monde et chasse les classes populaires de leurs centres. Ici, Soho n'est pas simplement un décor, c'est un personnage à part entière, le pouls de Londres et le reflet miniature de ce qui se joue dans l'ensemble de la société. Fiona Mozley façonne un récit à l'ancienne et anime une fantastique galerie de personnages dont les destins se fondent avec ceux des murs de l'un des immeubles de ce quartier.
Il y a Precious et Tabitha qui habitent au dessus du bordel où s'activent Precious et ses consœurs dans la journée, il y a les clients du bar du coin de la rue et du restaurant du rez-de-chaussée dont certains sont aussi les clients de Precious, il y a les SDF qui squattent les caves en compagnie de leurs seringues et de leur gourou. Tout irait pour le mieux si Agatha Howard, héritière et propriétaire des immeubles de ce quartier ne souhaitait se débarrasser des locataires actuels pour une grande opération de réhabilitation immobilière. Il sera question de disparitions, d'activités mafieuses du passé, de liens de filiation pas toujours faciles à assumer et même de fascination pour la Révolution française. Mais à travers les aventures malicieusement mises en scène par l'autrice, c'est une peinture sociale mordante qui prend forme. On y retrouve des thèmes abordés par Jonathan Coe dans Numéro 11, cette vision d'une Londres définitivement aux mains de l'argent avec ses sous-sols où se côtoient les folies immobilières des nantis qui empilent les piscines et autres salles de jeux et la misère de ceux qui ne peuvent plus suivre le rythme. Sous la comédie affleure parfois la possibilité d'une bascule, d'une chute ou d'un pas vers la folie, ces situations d'équilibre précaire auxquelles nul personnage n'échappe vraiment. C'est ce fil ténu qui crée la tension autant que l'empathie dans ce roman que l'on quitte au milieu d'un éclat de rire inquiétant, dévastateur et salvateur.
Fiona Mozley a décidément une patte, une singularité qui lui permet de s'essayer à plusieurs styles avec le léger décalage qui renouvelle le genre. Visiter Soho en sa compagnie est un vrai plaisir, vous verrez, il suffit de suivre l'escargot (petit malin) qui s'échappe des cuisines du restaurant...
"Dernière nuit à Soho" - Fiona Mozley - Joëlle Losfeld Editions - 350 pages (traduit de l'anglais par Laetitia Devaux - Titre original : Hot stew)
/image%2F0757919%2F20241129%2Fob_fca6b6_pastorale-americaine.jpg)
/image%2F0757919%2F20241118%2Fob_294efd_terres-promises.jpg)
/image%2F0757919%2F20241111%2Fob_9cadf9_la-vie-meilleure.jpg)
/image%2F0757919%2F20241102%2Fob_35e5be_l-homme-qui-etait-un-arbre.jpg)
