Long Island - Colm Tóibín
2 Janvier 2025 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans
![](https://image.over-blog.com/Op4Qy4dTts7XfFhZH2MpJFUzzY4=/filters:no_upscale()/image%2F0757919%2F20241225%2Fob_00889c_long-island.jpg)
Long Island est le roman des silences. De ce que l'on tait, consciemment ou non. Retrouver Eilis Lacey vingt ans après l'avoir laissée à la dernière page de Brooklyn en train d'imaginer son avenir au prisme du choix qu'elle venait d'opérer, c'est renouer avec les fictions des personnages de Colm Tóibín pour mieux les explorer. L'auteur excelle à opposer les éléments, bavardages et silences, réalités et fantasmes. Pour mieux mettre en évidence l'équilibre fragile des destins soumis à des volontés vacillantes.
Eilis a décidé de s'éloigner quelque temps de Long Island, de son foyer et de sa belle-famille, un environnement où se trame contre sa volonté le projet d'accueillir le nouveau-né issu de la liaison de son mari, Tony, avec une autre femme. On la comprend, bien sûr. Ses enfants adolescents la rejoindront un peu plus tard au cours de l'été. La voici de retour en Irlande, à Enniscorthy auprès de sa mère avec laquelle les relations sont toujours aussi compliquées. Elle y retrouve son ancienne meilleure amie, Nancy désormais veuve et ne peut éviter de croiser Jim Farrell, celui qu'elle a quitté d'un simple mot écrit à l'époque. Dans la petite ville peu de choses ont changé, à commencer par la sensation d'être continuellement soumis au regard des autres. On n'en a donc pas fini avec les silences, ni les secrets. Colm Tóibín prend tout son temps pour démêler et emmêler à nouveau les fils des pensées des protagonistes, indécis, partagés entre plusieurs envies, incapables d'exprimer clairement leurs désirs, pris dans l'étau des non-dits. A ce jeu c'est souvent le ou la plus déterminé qui emporte le morceau.
La source du plaisir du lecteur est sans doute dans cette attention accordée aux silences, qui ouvre la voie à l'imaginaire et à l'émotion. L'intime se niche dans la façon de ressentir ce silence à l'abri de l'habitacle d'une voiture ; ou par opposition à la cacophonie des commérages extérieurs. Colm Tóibín parvient ainsi à nous faire pénétrer au cœur de l'esprit d'Eilis et de Jim où se joue la question, même de façon très différente, de la liberté de choix. De la liberté tout court.
C'est très beau, et s'il prenait l'envie à l'auteur de nous donner à nouveau des nouvelles d'Eilis dans quelque temps, je ne serais pas contre.
"Long Island" - Colm Tóibín - Grasset - 398 pages (traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson)
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 905 Romans
- 183 Coups de coeur
- 130 Polars
- 125 Récits
- 50 Nouvelles
- 47 Listes
- 33 Thématiques - Evénements
- 25 Rencontres-Salons
- 10 Parfois j'écris aussi...
- 10 Un moment avec...
- 5 BD-romans graphiques
- 5 Revues et journaux
- 1 Poésie
- 1 romans