Eloge du tennis - Murielle Magellan
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"Si tu ne le lis pas, alors qui ?" m'a dit une copine qui me connait bien lorsque la parution de cet Éloge du tennis a été annoncée. En effet. Le tennis je l'aime sous toutes les coutures. Sur un terrain, dans les tribunes, devant ma télé. Il fait partie de ma vie depuis que j'ai tapé mes premières balles à 10 ans sous les néons d'un gymnase de banlieue. Sans doute la passion la plus longue de toute ma vie après la littérature...
Contrairement à Murielle Magellan, je n'ai jamais eu le tennis "honteux", même lorsque, adolescente, j'arpentais lors des interclubs avec mes partenaires de l'association Paris 11ème les allées du Polo de Paris ou du Stade Français sous les regards méprisants de leurs membres devant nos tenues élimées et dépareillées. Sport élitiste heureusement descendu un peu de ses hauteurs. Ce sport, j'aime aussi le lire sous la plume de passionnés, d'analystes, de journalistes, d'écrivains malheureusement trop rares à s'en saisir en littérature malgré tout le potentiel de dramaturgie qu'il recèle. L'autrice suggère avec une certaine malice que le tennis serait plus fort que les mots, c'est peut-être l'explication.
Le parcours de Murielle Magellan fait tellement écho au mien ; question de génération sans doute, nous avions les mêmes posters aux murs de nos chambres d'ado : Chris Evert puis Gabriela Sabatini, Borg, Vilas, Connors... Tant d'images, de souvenirs de matchs épiques, de sensations. Elle en parle avec la passion et l'émotion des vrais amoureux également pratiquants. Ceux qui savent la dose de masochisme qu'induit la pratique de ce sport ingrat, la sensation de repartir à zéro à chaque nouvelle partie. Ce sport qui rend fou, qui met le corps à rude épreuve, mais qui peut aussi procurer les plus belles des émotions.
Car le tennis est bien plus qu'un sport, c'est une école de la vie ; on y apprend la solitude sur un terrain où l'adversaire le plus coriace est souvent soi-même. On en tire des leçons utiles pour nombre de situations professionnelles ou personnelles. Murielle Magellan le fait très bien sentir à travers ces pages qui mêlent réflexions et admirations de spectatrice, vécu de joueuse et références littéraires. Cela donne un texte harmonieux qui dépasse le cadre du simple hommage au jeu et à ses protagonistes pour l'inscrire au cœur d'une existence. Et tisser un émouvant parallèle avec l'écriture. Convaincant et inspirant.
Ce qui permet à chaque lecteur une expérience personnalisée selon sa connaissance du jeu et ses appétences littéraires. Moi je me suis sentie en phase en de nombreux endroits, et j'ai terminé ce livre avec une grosse envie d'aller papoter avec l'autrice du potentiel sexy de McEnroe, de notre aversion commune pour Djokovic et du nombre de soi-disant copains que nous avons ghostés pour avoir commis la plus terrible des fautes de goût : préférer Djoko au dieu Roger. Je pourrais continuer longtemps au risque de paraphraser le livre ce qui n'est pas l'objet de ce billet, et parce qu'il faut bien savoir finir un jour, l'objectif que je me fixe en sortant de cette lecture n'est pas tennistique mais littéraire : lire enfin L'Infinie comédie de David Foster Wallace.
"Éloge du tennis" - Murielle Magellan - Rivages - 224 pages