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14 - Jean Echenoz

11 Novembre 2013 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans, #Coups de coeur

14 - Jean Echenoz

Actualité oblige, gageons que les célébrations du centenaire de l'entrée dans la première guerre mondiale seront accompagnées de nombreux écrits et publications. C'est pour moi l'occasion de redire à quel point j'ai apprécié ce court roman de Jean Echenoz, paru en 2012, et dont le titre - "14" - et la quatrième de couverture - "Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d'entre eux. Reste à savoir s'ils vont revenir. Quand. Et dans quel état." - résument bien la sobriété. Voici donc la guerre de 14-18 en moins de 120 pages. Mais quelles pages ! Époustouflantes de précision et de maitrise.

"Le tocsin, vu l'état présent du monde, signifiait à coup sûr la mobilisation. Comme tout un chacun mais sans trop y croire, Anthime s'y attendait un peu mais n'aurait pas imaginé que celle-ci tombât un samedi."

Anthime et Charles sont mobilisés, quittent leur terre de l'ouest pour rejoindre le front du nord-est comme des milliers de leurs compatriotes. Là, les destinées de certains se croisent, se soutiennent parfois quelque temps, sans autre réel horizon que le moment présent. De son côté, Blanche attend. A travers l'histoire de ces anti-héros, personnages ordinaires parmi tant, Jean Echenoz raconte la guerre, sans rien sacrifier à l'émotion ni à l'histoire. En quelques phrases, l'essentiel est dit, à hauteur d'homme. La naïveté ("c'est une histoire de quinze jours"), l'impréparation, l'impuissance, la violence, l'injustice, le chaos, la camaraderie malgré tout... Et le triomphe de la vie.

"Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être n'est-il pas la peine de s'attarder encore sur cet opéra sordide et puant. Peut-être n'est-il d'ailleurs pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, d'autant moins quand on n'aime pas tellement l'opéra, même si, comme lui c'est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui cela fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c'est assez ennuyeux." Tout le contraire de ce livre, en fait.

Plaisir de la langue et du style, fluidité du récit. Incroyable chapitre 12 sur les animaux dans la guerre. Voila une façon agréable de réviser ses classiques tout en s'offrant un vrai grand moment de lecture.

"14" - Jean Echenoz - Editions de Minuit - 124 pages

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