Un bon écrivain est un écrivain mort - Guillaume Chérel
Mesdames et messieurs les auteurs, méfiez-vous, le succès pourrait s'avérer dangereux... En tout cas lorsque Guillaume Chérel décide de s'emparer du sujet et de livrer un pastiche drôlatique mettant en scène les écrivains à succès et rejouant les "Dix petits nègres" à la sauce caustique. Résultat : quelques heures de franche rigolade à base de mauvaise foi et de mauvais esprit parmi lesquels se glissent aussi quelques vérités croustillantes et une dose de méchanceté savoureuse. De temps en temps, c'est permis et ça fait du bien...
Voici donc dix écrivains à succès invités durant un week-end pour un débat littéraire dans un cadre original, à Saorge, dans un ancien monastère cistercien reconverti en résidence d'écrivains. Bien que l'identité du généreux mécène organisateur demeure inconnue, ils ont tous cédé à la tentation - et disons-le, à l'appât du gain. Frédéric Belvédère, Amélie Latombe, Delphine Végane, David Mikonos, Michel Ouzbek, Kathy Podcol, Tatiana de Roseray, Christine Légo, Jean de Moisson et Yann Moite. Un très bel événement qu'Augustin Traquenard se réjouit d'animer, lui dont l'avenir est incertain puisque la chaîne de télé qui l'emploie, Anal + est en pleine réorganisation. Tout semble réuni pour faire de ce week-end un succès d'audience. Mais un écrivain comme Guillaume Charal produirait-il un livre dans lequel tout se passerait bien ?
Qui aime bien châtie bien, n'est-ce pas ? Et l'auteur doit beaucoup les aimer ses confrères pour leur concocter un tel week-end où sont convoqués le spectre d'Oscar Wilde, la comptine des Dix petits nègres légèrement revisitée et tout un tas d'autres références littéraires qui font le sel de l'histoire. Sans compter le monastère, un personnage à part entière. Sous sa plume, ces personnages sont rhabillés des traits de caractères que leurs confèrent les critiques et qui alimentent les discussions parfois envieuses, souvent fielleuses autour de ces auteurs à succès qui ne peuvent laisser indifférents. Pas besoin de trop forcer le trait, tout est là. On se régale de leurs échanges et de leurs problèmes d'égo tout en suivant avec intérêt le jeu de pistes auquel nous convie le mystérieux propriétaire du lieu et qui aiguillonne le sens du mystère d'Amélie Latombe. "N'étais-ce pas au fond le point commun entre la littérature et la foi religieuse ? Trouver ce qu'on n'a pas cherché."
Allez, je ne vous en dis pas plus, ce serait dommage de priver l'auteur de ses droits puisqu'il a l'élégance de se mettre lui-même en scène. Mais, amis lecteurs et copines blogueuses ne rigolez pas trop quand même, vous n'êtes pas épargnés... Ah ça y est, votre curiosité est aiguisée ? Alors plongez-vous donc dans cette approche rafraichissante de la rentrée littéraire et de son paysage, vous verrez, de temps en temps, c'est bien de ne pas trop se prendre au sérieux.
"Un bon écrivain est un écrivain mort" - Guillaume Chérel - Mirobole Editions - 250 pages