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Elle voulait juste marcher tout droit - Sarah Barukh

4 Février 2017 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Lorsqu'un écrivain décide de nous raconter le monde à hauteur d'enfant, il prend un sacré risque, celui d'oublier parfois le juste ton ou le registre d'expression adapté. J'avoue avoir souvent été déçue par ce type d'exercice alors j'ai abordé ce livre avec un peu de méfiance. Une appréhension très vite oubliée tant j'ai été happée par la petite Alice, touchante petite bonne femme fière et courageuse dans la tourmente. Une de ces héroïnes que l'on a envie de suivre jusqu'au bout du monde.

Lorsque nous faisons sa connaissance, Alice a 5 ans, nous sommes en pleine seconde guerre mondiale et elle a été placée en pension à la campagne, chez Jeanne dont l'affection rend un peu moins triste l'absence de sa mère. Quand celle-ci vient enfin la chercher, longtemps après la fin de la guerre, la petite fille est désemparée. Diane ne correspond pas à l'image de la parisienne qu'elle a imaginée jour après jour. Maigre, triste, silencieuse, elle semble constamment ailleurs et porte un mystérieux tatouage sur l'avant-bras. Alice quitte la chaleur des bras de Jeanne pour suivre sa mère à Paris où elles s'installent dans le marais avec Monsieur Marcel, le propriétaire d'un atelier de confection. Pour Alice, c'est l'apprentissage d'un nouvel environnement, la rencontre de nouveaux amis et pas mal de questions en suspens... Petit à petit elle fait son nid sans se douter que sa vie va encore traverser de nombreuses épreuves, à commencer par l'océan Atlantique. Son destin passe par New-York où l'attendent d'autres questions et, peut-être au bout, les pièces manquantes d'un puzzle qui pourrait éclairer les mystères de sa famille.

C'est un vrai page-turner que nous propose Sarah Barukh. Elle parvient à nous faire ressentir tous les états de la petite Alice confrontée à l'inconnu et à l'incompréhensible. Ses sentiments sonnent juste, et on se laisse embarquer avec plaisir à sa suite. Il faut dire que le contexte est parfaitement dessiné, filtré par les yeux encore vierges et naïfs d'une enfant. Les réalités des ravages de la guerre, l'engagement des résistants dès les années 30 et la montée des fascismes en Europe constituent une toile de fond qui porte l'histoire avec force. A la fois roman d'apprentissage et roman d'aventures, Elle voulait juste marcher tout droit nous permet de renouer avec un plaisir simple de la narration. Les images s'enchaînent et on se dit que cette histoire a décidément tous les ingrédients pour faire un bon film. Qui sait ?

En attendant, le plaisir de lecture est bien là et vous n'aurez aucune envie de quitter Alice à la fin du livre. On peut appeler cela un premier roman réussi.

"Elle voulait juste marcher tout droit" - Sarah Barukh - Albin Michel - 432 pages

Sélectionné pour l'édition 2017 des 68 premières fois, Elle voulait juste marcher tout droit va désormais voyager auprès des 50 lecteurs engagés dans l'aventure, tout au long du semestre.

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D
Aïe aïe aïe, bon eh bien sur ce coup-là, Nicole, nous ne sommes pas d'accord du tout - pour une fois !<br /> Je partage entièrement les précautions que tu formules au début de ton article. En revanche, pour moi, l'auteure s'est complètement plantée. Comme je ne vais pas réécrire ici mon propre billet, je t'invite à aller voir le mien, dont la publication est imminente. Tu connais l'adresse ;-)
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N
Visiblement un beau premier roman, je note dans un coin de ma tête (et j'aime beaucoup le titre...!)
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N
Très jolie découverte qui va faire le bonheur des lecteurs engagés dans les 68 et... de beaucoup d'autres j'espère.
L
Je suis d'accord, ce n'est pas facile de trouver la bonne distance avec les mots d'enfants, mais c'est souvent très marquant quand cela fonctionne (je me suis faite la réflexion avec le dernier Laura Alcoba).
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N
C'est vrai. Je n'ai pas lu le dernier Laura Alcoba mais il me semble que c'est très auto biographique ? C'est encore un autre exercice alors que celui de tenter de retrouver ses propres sensations de l'enfance...
D
J'aime beaucoup les récits faits à hauteur d'enfant. Mais tu as raison de préciser que cela peut souvent être artificiel et, disons-le, complètement raté. Alors pourquoi pas, bien que je ne sois absolument pas attirée par les récits sur la Seconde guerre mondiale.
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D
Peut-être bien, en effet ;-)
N
Qui sait ? C'est un premier roman, tu auras peut-être l'occasion d'y goûter ? ;-)<br />
M
Rien qu'à lire ton ressenti, l'attirance vers Le personnage d'Alice est déjà présente. Il ne reste plus qu'à s'attacher à ses pas...
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N
Ah oui, un p'tit bout de chemin avec Alice, voilà qui enchantera la lectrice que tu es... :-)
V
je viens juste de le finir et comme vous j ai trouvé un remarquable travail d' écriture pour se mettre au niveau d' une petite fille , dans son regard et ses questions .L' histoire est bien mais c' est vraiment le personnage d' Alice qui fait la différence
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N
Tout à fait. L'histoire est bien menée mais dans un contexte et un registre qui ont déjà donné lieu à de multiples romans. Par contre, le personnage d'Alice emporte le morceau et constitue l'atout maître de ce joli premier roman.