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Jeux de miroirs - E.O. Chirovici

20 Février 2017 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans, #Polars

Le marketing ne rend pas toujours service à un livre. Prenez ce Jeux de miroirs. Il s'avère être un très bon roman, intelligent, qui s'attache à analyser la psychologie des personnages et la mécanique passionnante de leurs cerveaux. Un de ceux qui valorisent l'intelligence du lecteur en le jugeant apte à suivre et à comprendre la démonstration. Or, il nous est présenté comme, je cite, "le roman événement au suspense haletant" ce qui est presque une tromperie sur la marchandise. Ce n'est pas le suspense qui fait l'intérêt de ce livre (et si suspense il y a bien, il n'est certainement pas "haletant"), c'est le contenu et la façon dont il est distillé, dévoilant au fur et à mesure les multiples facettes d'un même événement raconté par différentes personnes.

Le point de départ est d'ailleurs un régal pour tous les amateurs de littérature : un agent littéraire, Peter Katz reçoit un extrait d'un manuscrit intitulé Jeux de miroirs dont l'auteur, un certain Richard Flynn explique s'être inspiré d'un drame réel et non élucidé survenu 30 ans auparavant, l'assassinat du Professeur Wieder, un éminent spécialiste de psychologie cognitive sur le campus de Princeton. Intrigué, Peter se retrouve dans une impasse lorsqu'il apprend que Richard Flynn est récemment décédé et qu'on ne trouve aucune trace du reste du manuscrit. Il décide d'engager un ancien journaliste, écrivain en manque de succès pour remonter la piste de cette vieille affaire et, pourquoi pas ré écrire les parties manquantes. John Keller entreprend de retrouver les éventuels témoins encore vivants de l'époque. Débute alors un véritable challenge consistant à reconstituer la vérité à partir de témoignages à la fois ressemblants et divergents, et entraînant le lecteur à sa suite.

Au fil de l'intrigue et de la reconstitution des quelques semaines qui ont précédé le drame, les questions demeurent bien plus nombreuses que les réponses. Qui dit la vérité ? Le Professeur Wieder travaillait lui-même sur les mécanismes cognitifs et la façon de les manipuler en ôtant ou en ajoutant des souvenirs à ses sujets d'études. Comment être sûr que les souvenirs collectés par John Keller auprès des témoins qui ont tous pu être plus ou moins influencés par Wieder sont réels, imaginaires ou en quelque sorte provoqués ?

C'est bien à un jeu de la vérité que nous convie l'auteur. Entre apparences trompeuses, erreurs d'interprétation, manipulations et mises en abymes. Un jeu dont il déroule le scénario avec brio. Non, le suspense n'a rien d'haletant. Mais le plaisir du lecteur est réel et le résultat plus que convaincant.

"Jeux de miroirs" - E.0. Chirovici - Les escales - 320 pages (traduit de l'anglais par Isabelle Maillet)

 

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E
C'est ma prochaine lecture. Sans m'attendre à un chef d'oeuvre, j'espère juste passer un bon moment en découvrant cet auteur roumain.
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N
Alors ça devrait être le cas... nous verrons ton ressenti :-)<br /> Moi qui suis d'origine roumaine j'avais également cette curiosité dans un coin de la tête.
J
Comme vous avez raison de dénoncer la dictature du marketing qui fait souvent du livre un objet marchand comme un autre !<br /> D'où l'intérêt des blogs comme le vôtre qui permettent de se faire une idée plus objective et juste.
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N
Disons que dans ce cas il ne rend pas service au livre et est même contre-productif. Il appartiendrait plutôt aux éditeurs de faire attention à manier l'outil avec un peu plus de doigté car si le marketing est nécessaire à l'économie du secteur, il ne transforme pas un bon livre en chef d’œuvre... :-)
E
A cause de ce marketing à outrance, j'ai été déçue par le livre - j'ai beaucoup aimé la première partie, mais j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages et j'ai trouvé le style assez plat et terne. Cela dit, le livre est bien construit, il n'y a pas d'incohérences, la mécanique est bien huilée...mais on s'attend à un récit surprenant et addictif alors que ce n'est pas le cas...
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N
Je comprends tout à fait et tu n'es pas la seule, j'ai lu plusieurs avis qui vont dans le même sens. Ce qui est dommage pour ce livre qui ne mérite ni les superlatifs employés ni les mauvaises critiques dues à la déception des lecteurs. C'est un bon roman, intelligent et bien construit, qui mérite le détour et c'est déjà pas mal.
M
Un jeu de miroirs et de réflexions bien tentant, je dois dire. Merci du partage !
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N
Avec plaisir ! :-)
K
Exact, les bandeaux sont parfois contre productifs.
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N
Celui-ci est le parfait exemple :-)
V
Je n'ai pas été emballée mais c'est peut-être en partie parce qu'il ne correspondait pas à ce qui était promis sur la couverture.
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N
En effet, je pense que ces superlatifs le desservent en créant de trop fortes attentes. Sans ça, le lecteur se laisserait plus facilement séduire par l'intrigue et le propos qui ne manquent ni d'intérêt ni d'intelligence.
D
Tu es nettement plus enthousiaste que Leo et Eva ! Il est dans ma PAL, mais d'autres priorités viennent de tomber ;-)
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N
Disons que j'essaie de faire fi du marketing outrancier lié à ce livre et d'analyser au mieux ce qu'il est réellement, un bon roman qui n'a rien du "roman du siècle" non plus mais dont le propos et la structure m'ont bien intéressée. Curieuse d'avoir ton avis quand le moment sera venu :-)
Z
Les 4ème de couvertures sont, parfois, trompeuse, faussement alléchantes.
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N
C'est surtout le trop plein de superlatifs qui crée une attente beaucoup trop forte, au risque de décevoir.
N
Pas certaine de me lancer je dois dire...
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N
Disons que tu as certainement dans ta PAL des ouvrages plus indispensables...